Jean-Yves Frétigné (préface de Marc Lazar), Antonio Gramsci – Vivre, c’est résister, 2e édition, Dunod (collection Dunod poche), 456 p., janvier 2024.
Présentation
Philosophe, journaliste et homme politique, Antonio Gramsci est une des figures intellectuelles majeures du siècle dernier. On lui doit des formules saisissantes telles que : la crise c’est « le vieux monde qui meurt, le nouveau qui peine à naître et le clair-obscur d’où naissent les monstres. »
Ses mots, à l’image de sa pensée, scandent encore nombre de discours publics et Jean-Yves Frétigné entend leur redonner corps en s’attachant tout autant au contexte historique — une Italie libérale en crise puis un pays où s’opposent fascisme et communisme — qu’à l’homme qui les a formulés.
Loin de réduire la figure de Gramsci à celle d’un héros martyr du communisme, Jean-Yves Frétigné suit l’homme pas à pas, de sa Sardaigne natale à la prison fasciste, en passant par son ascension à la direction du Parti communiste italien. À travers les doutes, les espoirs et les combats de cet homme qui défend un renouveau politique contre Staline et Mussolini, se distille un remède aux dérives et aux dévoiements de l’idéal révolutionnaire.
Jean-Numa Ducange, Fransız Devrimi ve Dünya Tarihi. İki Yüzyıllık Tarihsel ve Siyasal Tartışma / 1815-1991 / La Révolution française et l’histoire du monde. Deux siècles de débat historiques et politiques, Paris, Armand Colin, Collection U, 2014. (Traduction en turc : Fransiz Devrimo ve Dünya Tarihi Iki Yüzyıllık Tarihsel ve Siyasal Tartışma / 1815-1991, Istanbul, Baglam, 2023).
Fransız Devrimi’nin her açıdan didik didik edildiği ülke kuşkusuz Fransa’dır; ancak kimi kez unutulsa da 1789, dünya genelini etkilemiş ve uzun bir liste oluşturan pek çok ülkede de insanların düşüncelerine damgasını vurmuştur. Devrimin şok dalgası Leopardi’nin şiirlerinde, Beethoven’in senfonilerinde, Tolstoy’un romanlarında, Verdi’nin operalarında, Delacroix’nın tablolarında yansısını bulur. Risaleler ve hacimli eserler, muhtelif formlarda özetler, ders kitapları ve hatta farklı dillerde türküler, dünya tarihinin bu kilit olayının aktarımında etkili olmuş; özellikle 20. yüzyılda ve 1917 Rus Devrimi sonrasında Fransa ve diğer ülkelerde düşünsel alışverişleri ve ihtilafları kışkırtan tarih ekolleri kurulmuştur. Siyasette “devrimci yol” üzerine birçok fikre kaynaklık eden Fransız Devrimi, dünyanın siyasal ve toplumsal düzenini değiştirmeyi kafaya koyanlara bir model ya da çerçeve sunar.
Édition établie et présentée par Julien Grimaud, préface de Michel Cordillot, De la correctionnelle à l’assaut du ciel. L’Association internationale des travailleurs à Paris, mai 1870-mai 1871, Collection « Les Passeurs », Arbre bleu éditions, 183 p., 13/12/2023
Présentation
L’Internationale chante plus qu’elle ne parle…
Aussi nous a-t-il paru opportun de profiter du récent 150e anniversaire de la Commune de Paris pour mettre en relief le rôle qu’y jouèrent les membres de l’Association internationale des travailleurs. Sous la Commune bien sûr, mais afin de se libérer de la focale de ses seuls 72 jours, tout au long de la période allant de la chute de l’Empire à la Semaine sanglante ; celle que le poète avait naguère qualifié d’Année terrible.
Nous souhaitions donc, après les avoir introduits en contexte, faire la part belle aux appels, aux manifestes, aux discours, aux articles et autres proclamations que les internationaux firent paraître au cours de cette année 1870-1871. À leurs débats aussi. Et non pas seulement les reproduire partiellement pour les enchâsser dans un récit sur l’Internationale, mais les restituer dans leur intégralité afin de répercuter l’authenticité de la parole révolutionnaire émise par les internationaux eux-mêmes…
Julien Grimaud, professeur d’histoire en milieu pénitentiaire, prépare une thèse de doctorat à l’Université de Rouen sur Henri Tolain et l’Association internationale des travailleurs.
Pascal Dupuy (dir.), De la création à la confrontation. Diffusion et politique des images (1750-1848), Presses universitaires de Rouen et du Havre, 264 p. , 22/06/2023
Présentation
Grâce à de nombreuses études parues depuis un demi-siècle, le contenu des images, leurs sens et les mécanismes généraux de leur présence dans l’espace social et public du dernier tiers du XVIIIe siècle et de la première moitié du XIXe siècle, sont à présent familiers. Toutefois, tous ces travaux, aussi indispensables soient-ils pour notre compréhension des imaginaires culturels et politiques du temps, font souvent l’impasse, faute d’intérêt ou de sources, sur la diffusion des images et sur leur réception auprès d’un public dont nous savons encore trop peu de choses. Cet ouvrage collectif s’est donné pour ambition de rectifier ces lacunes en s’attachant justement à évaluer les méthodes de diffusion et de réception des images entre 1780 et 1848, soit sur une période marquée par une intensification majeure des affrontements politiques, devenant eux-mêmes bientôt déterminants dans l’élaboration du présent et de l’avenir des sociétés contemporaines. L’ouvrage cerne au plus près, à partir d’exemples tirés principalement de la production gravée et lithographique française et européenne, les «usages» des images afin de mieux comprendre leurs diffusions plurielles et les politiques qui les sous-tendent.
Gervaise Brouwers Fortunes et infortunes des « manières anglaises ». La diffusion des techniques anglaises de l’estampe entre France et Angleterre
Sofiane Taouchichet Sérialiser la satire graphique
Rolf Reichardt Les modèles graphiques circulent par copies, 1789-1848
Pierre Wachenheim La diffusion des estampes antijésuites en France du règne de Louis XV à la Restauration
Tim Clayton James Gillray, ses gravures antijacobines et son public
Seconde partie. Le XIXe siècle et ses révolutions
Jacqueline du Pasquier Les cristallo-cérames ou la célébration du pouvoir
Charles-Éloi Vial Lapins, faisans et perdrix, héros des barricades de 1830
Saskia Hanselaar Visibilité et reconnaissance de la femme auteur par la diffusion lithographique sous la monarchie de Juillet : réception de la série d’intellectuelles de Julien Léopold Boilly
Guillaume Doizy La première élection présidentielle française (1848) : tensions autour de la caricature
Nadine Bernard, Etre vieux dans le monde grec. De Solon à Philopœmen, VIe-IIe siècles a.C, Ausonius éditions, Collection Scripta Antiqua, 471 p. , 15/07/2023
Présentation
Dans le monde grec, les vieux ne forment pas une catégorie sociale déterminée, ni même une catégorie d’âge formelle : il n’y pas de basculement générationnel à un âge donné, applicable à l’ensemble d’une cohorte démographique, ouvrant sur une nouvelle étape de la vie. Les vieux ne forment pas non plus un groupe de référence tant les univers sont segmentés et les parcours en fin de vie divergents. Qu’est-ce donc qu’être vieux en Grèce entre les VIe et IIe siècles ? Pour apporter une réponse, force est d’adopter une pluralité de points de vue en analysant des sources variées, en considérant des individus issus des différents milieux socio-économiques, en prêtant attention aux écarts entre les sexes.
A échelle des maisons, les conditions matérielles qui s’imposent aux vieillards amènent à l’aisance ou au besoin ; l’existence ou l’absence de relations familiales, horizontales et verticales, sont synonymes de protection ou d’isolement. Le vieil âge fonctionne à cet égard comme un miroir grossissant des inégalités, portées à l’extrême. A échelle des collectivités, les niveaux et les formes de l’engagement des aînés dans le domaine public, leurs contributions dans la vie politique, militaire ou religieuse des cités sont tout aussi diverses : ce sont là des domaines où jouent le milieu et le genre, fortement discriminants en termes de reconnaissance et d’utilité sociale.
Ainsi, il n’y a pas, dans le monde grec, de vieillard “témoin” ou “moyen” car chaque espace de sociabilité constitue un lieu de construction du vieux ou de la vieille. “Etre vieux”, c’est une expérience à la fois singulière et collective qu’il faut restituer dans chaque contexte historique. Tout l’enjeu du sujet est de rendre justice à l’ensemble du spectre social, de faire apparaître l’hétérogénéité des états, des comportements, des fonctions, des lieux assignés, des relations aux proches ou aux pairs.
Michel Biard, Les derniers jours de la montagne 1794-1795 : vie et mort des premiers irréductibles de gauche, Presses Universitaires de France, Collection Questions républicaines, 256 p. , 13/09/2023
Présentation
À l’été 1794, une fois Robespierre et ses proches éliminés, la Convention dite « thermidorienne » change d’orientations politiques. Persistant à siéger à gauche, les derniers Montagnards, stigmatisés sous le sobriquet de « Crêtois », mènent d’ultimes combats pour défendre les idéaux d’une République démocratique et égalitaire – entre autres la Constitution de 1793 – face à la montée en puissance des députés de la « réaction ».
Cette attitude, jugée extrémiste par la nouvelle force majoritaire de la Convention, leur vaut d’être désignés comme l’ennemi à abattre : accusés d’être de « nouveaux Robespierre », Jacobins et « Crêtois » sont emportés par de nouvelles purges politiques amputant la Convention nationale. Emprisonnés, déportés, exécutés ou poussés au suicide comme les martyrs de prairial, ils paient au prix fort leur fidélité aux idéaux de l’an II. Cet ouvrage revient sur les derniers jours de la Montagne, période charnière de la Révolution et de l’histoire de la gauche en France, souvent injustement oubliée.
Jean-Numa Ducange, Rosa Luxemburg, radicale et libre, Calype, Collection Destins, 112 p. , 21/09/2023
Présentation
À l’aube du xxe siècle, une femme émerge dans la vie politique allemande : Rosa Luxemburg (1871-1919). Radicale (au sens où elle veut traiter à la racine les problèmes qu’elle combat), elle ne croit pas à la réforme du capitalisme et défend la révolution. Viscéralement attachée à la liberté, elle dénonce aussi bien l’abandon du pacifisme par les socialistes en 1914, que la violence répressive du régime soviétique naissant. Étonnamment moderne, elle est l’une des rares, parmi les socialistes, à dénoncer le colonialisme, ses effets délétères sur la nature et les communautés extra-européennes. Assassinée quelques jours après avoir fondé le parti communiste allemand, elle devient une icône, célébrée dans le monde entier, et reste aujourd’hui encore une figure particulièrement inspirante, tant elle nous aide à penser l’orage contemporain.
Dans les jours qui suivent les 9 et 10 thermidor, la mort de Robespierre et de ses coaccusés peut sembler laisser ouvert le champ des possibles sur un plan politique. Toutefois, quelques semaines plus tard, alors que Tallien théorise l’existence d’un prétendu « système de la terreur » imputé à Robespierre et ses « complices », une campagne pamphlétaire est lancée sur le thème de « la queue de Robespierre ». Non seulement il s’agit de stigmatiser les « tyrans » mis à mort, mais il s’agit aussi de combattre leurs héritiers politiques supposés : les Jacobins et les membres de la Convention nationale qui vont être appelés « Crétois » ou « derniers Montagnards ».
Cette conférence porte sur les conditions de naissance et de développement de cette campagne, qui vient enrichir la légende noire de Robespierre, mais aussi sur les multiples sens alors attribués au mot «queue» par différents auteurs maniant un humour corrosif pour mieux atteindre leurs cibles.
Yannick Marec (dir.), Jacques Brunier et Jacques Poisat (collab.), L’innovation médicale et hospitalière. Hier, aujourd’hui, demain, LEH Édition, coll. Actes et séminaires, pp. 342, 20/06/2023
Présentation
En décidant de débattre sur le thème « L’innovation médicale et hospitalière, hier, aujourd’hui, demain », qui avait pour sous-titre : « Technologies, chercheurs et patients », les organisateurs des Journées internationales de Lille à l’origine de cet ouvrage ont clairement manifesté leur intention de travailler non seulement sur les nouvelles technologies, les découvertes et les savants qui les ont portées, mais aussi sur leurs applications et l’évolution des conditions de la prise en charge du malade.
Les contributions rassemblées évoquent les différents dispositifs mis en œuvre pour faire face aux grandes pandémies à travers l’histoire jusqu’ à la Covid 19, et mettent l’accent sur le rôle évolutif de l’hôpital, sur la manière dont les patients hospitalisés ont pu bénéficier de soins en fonction du caractère plus ou moins innovant des structures hospitalières en France et aussi dans l’Italie fasciste. La médicalisation des établissements, une notion qui doit certes être relativisée et explicitée suivant les époques, est abordée en liaison avec le développement de la recherche médicale et le rôle joué par différents organismes comme les instituts Pasteur, en France et au Maghreb, et d’autres centres de recherche. Les limites ou les alternatives à l’hospitalisation, comme les dispensaires antituberculeux, voire les résistances à la prise en charge médicale, notamment à la vaccination dans les espaces des anciennes colonies ou sous influence (Tunisie, Polynésie française), sont également abordées.
Introduction générale Yannick MAREC, Jacques POISAT
Prologue : L’hôpital à l’épreuve des épidémies
Introduction Jacques POISAT
Avant-propos Frédéric BOIRON
Mécanismes d’émergence et de diffusion des grandes pandémies : la rencontre de phénomènes biologiques et socioculturels Julien POISSY
Faire face aux pénuries : la mise en place de la cellule alternative technologique Bertrand DECAUDIN, Sixtine GILLIOT, Pascal ODOU, Clémence TOULLIC
Première partie : La prise en charge des patients : ses aspects innovants
Introduction Jacques BRUNIER
Une innovation médiévale : la prise en charge collective à l’hôtel-Dieu Damien JEANNE
Une révolution des pratiques ? Le traitement de la folie à l’hospice de Charenton à travers les archives financières (1797-1814) Pauline Teyssier
Évolution de la chirurgie pédiatrique lilloise au travers de l’architecture hospitalière Rémi BESSON
Deuxième partie : Les hôpitaux, la médicalisation et la recherche
Introduction Jacques BRUNIER
La médicalisation des hôpitaux en France au XVIIIe siècle : une approche piégée ? Marie-Claude DINET-LECOMTE
La pratique médicale dans les hôpitaux généraux du nord : favoriser l’innovation médicale ? Olivier RYCKEBUSCH
Un siècle d’innovations médicales à Villejuif Paul-Brousse et Gustave-Roussy Éric KOCHER-MARBŒUF
La connexion franco-américaine qui a permis la découverte du facteur de libération de l’hormone de croissance (GHRH) Christian PARTENSKY, Jacqueline TROUILLAS, Geneviève SASSOLAS
Troisième partie : Pouvoirs publics et innovations organisationnelles
Introduction Jacques BRUNIER
Les hôpitaux militaires en France depuis leur fondation louis-quatorzienne jusqu’à la Première Guerre mondiale Pierre-Louis LAGET
Le roi contre les lépreux : une réforme innovante de l’état louis-quatorzien ? Xavier Brunet
La création de l’Institut Pasteur de Lille et la diphtérie : innovation organisationnelle au fondement des innovations médicales Valentin MÉRIAUX
Santé et politique : La mutation organisationnelle hospitalière dans l’Italie fasciste (1923-1938) Elena SERINA
Quatrième partie : Les espaces des anciennes colonies ou sous influence
Introduction Yannick MAREC
Une innovation difficile : la vaccination dans les douars du protectorat tunisien (1881-1956) Sofiane BOUHDIBA
Les Instituts Pasteur du Maghreb en situation coloniale : hauts lieux de la recherche médicale et sanitaire et témoins de la gouvernance coloniale (fin XIXe – début des années 1960) Antony KITTS
« Les femmes et les enfants d’abord ! » : Le Dr Louis Rollin aux îles Marquises (1923-1929) Véronique DORBE-LARCADE
Épilogue : Les pratiques de soins dans et hors de l’hôpital : quelle évolution ?
Introduction Jacques BRUNIER
Le dispensaire antituberculeux, une innovation médicale implantée dans et hors de l’hôpital Sylvie PONCELET
Rouen et la reproduction humaine : de l’ovisme à la spermatogenèse in vitro Ludovic DUMONT, Bénédicte PERCHERON
Registre de morbidité, clusters et pollutions Léo HEUGUEBART
Les hôpitaux de Lille, une histoire emblématique Philippe SCHERPEREEL
Conclusion générale Jacques BRUNIER, Yannick MAREC