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Axe 2 – Territoires, économies, sociétés

Axe 2

2022

Coordination: Yves Bouvier et Enora Le Quéré

Membres: Anna Bellavitis, Yves Bouvier, Boris Bove, Jean-Yves Frétigné, Nicolas Monteix

Bilan 2015-2020

Le bilan de l’axe 2 « État(s), économies, régulations sociales » s’inscrit bien dans les thématiques de recherche déterminées à l’origine du contrat quinquennal qui s’achève. Les trois thématiques « Protection sociale », « Monnaies, marchés et échanges » et « État, institutions et administration » ont permis d’enclencher une dynamique de recherche à la fois trans-période et transversale qui reste la marque de fabrique du GRHis.

L’axe a été coordonné jusqu’en 2018 par Olivier Feiertag et Yannick Marec et, depuis, par le seul O. Feiertag, suite au départ à la retraite de Y. Marec. Olivier Feiertag a été recruté à Paris 1 en 2020 (mutation). Jean-Numa Ducange, élu en 2020 sur le poste de PR d’histoire contemporaine-XIXe siècle, laissé vacant par Y. Marec, est alors devenu responsable de l’axe 2.

Patrice Hamon, dans la continuité de ses recherches sur les cités grecques, leurs structures institutionnelles et leur évolution dans la longue durée classico-hellénistique, a inauguré en 2017, en collaboration avec I. Savalli-Lestrade (CNRS, laboratoire AnHiMA, UMR 8210, Paris), une série d’ateliers de recherche consacrés aux fratries et aux relations entre frères dans les cités grecques – question qui recoupe en partie les recherches de l’axe « Famille, genres, générations ». Trois journées d’étude se sont tenues à Rouen (2018, avec la participation de N. Bernard et d’E. Le Quéré) et à Paris (2017, 2019), chacune axée sur une question particulière (prosopographie ; gestion des biens et stratégies patrimoniales ;solidarités fraternelles dans la vie institutionnelle et politique), et ont accueilli des participants venus de France et de l’étranger (Italie, Allemagne, Grande-Bretagne). Les travaux ont exploré un aspect peu connu des comportements familiaux parmi les élites civiques et permis de mieux cerner les transformations qui s’opèrent à la basse époque hellénistique et au début de l’époque impériale. Un livre devrait rassembler à terme le fruit de ces travaux, encore en cours. P. Hamon a par ailleurs poursuivi ses recherches sur la cité de Thasos en Grèce du Nord, qui par la richesse de sa documentation constitue un exemple particulièrement intéressant de communauté civique. Le travail a abouti à la révision et à la publication d’un premier volume du Corpus des inscriptions de Thasos : P. Hamon, CITh III : documents publics du ive s. et de l’époque hellénistique, Études thasiennes XXVI, Paris-Athènes, 2019, xviii + 532 p., qui offre, à travers 127 documents édités ou réédités et commentés, une vue nouvelle des institutions politiques et sociales de la cité. Une ou deux missions annuelles dans les réserves épigraphiques du musée local ont permis de faire progresser l’étude d’un autre dossier majeur de l’épigraphie grecque, à savoir la première édition complète des quatre listes d’archontes et de théores thasiens, qui enregistrent plus de 5000 noms d’individus sur près de neuf siècles d’histoire et constituent une mine d’information sur la prosopographie locale. Quatre articles préliminaires dans le Bulletin de correspondance hellénique sont les travaux préparatoires à la publication (avec F. Salviat, professeur émérite à l’université d’Aix-Marseille) d’un second volume du corpus, encore en préparation : CITh I : listes monumentales de magistrats thasiens. Les missions au musée ont également permis de collationner les textes d’un troisième volume en préparation : CITh IV : documents à caractère religieux et épitaphes du ive s. et de l’époque hellénistique(avec N. Trippé, université de Bordeaux-Montaigne). Un chapitre d’ouvrage a paru en 2019 (« Les Thasiens, portrait de groupe »), qui préfigure une synthèse en préparation.

Un point fort des activités scientifiques ayant émergé au sein de l’Axe 2 depuis 2017 concerne l’histoire économique antique et l’histoire des techniques, autour de réflexions portant sur les ateliers, la production et les technologies en Méditerranée antique.
Nicolas Monteix d’une part, en travaillant sur Herculanum, Ostie et Pompéi, a développé des réflexions sur la place de la production dans le tissu urbain. Ces travaux ont débouché sur des questions d’histoire économique traitant de l’importance des ateliers urbains dans l’économie antique, ayant donné lieu à plusieurs articles. En outre, grâce à ses recherches sur les boulangeries pompéiennes, ses travaux aboutissent à une véritable archéologie des techniques, dans la longue durée, en tentant de s’appuyer sur toutes les formes de production attestées et en atténuant une vision seulement synchronique pour percevoir des évolutions et appréhender les transformations économiques et sociales induites par celles-ci.Un point important dans ses travaux touche à la réintroduction des productions alimentaires dans les réflexions d’histoire des techniques dont elles ont longtemps été écartées. Dans ce cadre, Nicolas Monteix anime depuis 2016 une équipe de 19 chercheurs issus de 9 pays différents qui vise à publier un Dictionnaire des techniques de l’Antiquité (vies. av. n. è. – ve s. de n. è.), multilingue et collaboratif. Les huit réunions menées jusqu’ici ont permis de commencer la rédaction des deux premiers fascicules, consacrés aux techniques alimentaires et à la céramique.

Enora Le Quéré d’autre part, en travaillant sur Délos (Grèce), a développé des réflexions sur l’évolution topographique de la ville et de son sanctuaire à l’époque romaine et protobyzantine, battant en brèche les préjugés qui voudraient que l’île fût totalement désertée à cette période. Ces travaux s’appuient en particulier sur une étude des ateliers et de leur place dans le tissu urbain de la ville pour démontrer l’importance de l’économie de production encore en ces époques jugées tardives. Ces dernières années, ses recherches se sont portées plus particulièrement sur l’étude de la production céramique, à l’aide de l’analyse de la céramique romaine, des fours et des ateliers de potiers repérés sur l’île.
Forts de nombreuses réflexions communes au sein de leurs recherches – l’un en Occident, l’autre en Orient – Nicolas Monteix et Enora Le Quéré ont monté un projet en collaboration et obtenu un programme quinquennal (2017-2021) financé par les Écoles françaises de Rome et d’Athènes (DELPO – Espaces urbains de production et histoire des techniques à Délos et à Pompéi), visant à comparer le tissu productif de ces deux villes, Pompéi et Délos. Dans ce cadre, depuis 2017, des fouilles et des études de terrains sont menées chaque année à Délos et à Pompéi, avec un accent mis sur l’étude des ateliers de production textile (fouleries, teintureries, traitement de la laine) et de production alimentaire (meuneries et boulangeries essentiellement). Au-delà de la publication de données scientifiques nouvelles chaque année, les deux chercheurs ont organisé un séminaire de formation doctorale (6-10 mai 2019), sur le site gallo-romain de Saint-Romain-en-Gal – Vienne, intitulé « Faire pour comprendre : expérimentation archéologique et espaces de production, entre Orient et Occident ». Fondé sur une alternance entre conférences théoriques et essais pratiques, les doctorants et jeunes chercheurs ont été initiés aux enjeux, contraintes et techniques de l’expérimentation archéologique dans le contexte général d’une archéologie des espaces urbains de production.

Les périodes médiévales et modernes ont été intégrées, dans une moindre mesure, à travers les programmes qu’Élisabeth Lalou et Anna Bellavitis ont conduit au titre de l’axe 1 (Programme ÉNORME) et de l’axe 5 (Programme ANR/FNS GAWS. Garzoni: Apprenticeship, Work, Society in Early Modern Venice).

L’histoire contemporaine s’est appuyée sur 3 grands programmes financés pour l’essentiel par la Région Normandie.
Le projet GRR-CSN Patrimoine carcéral normand (2015-2018), à l’origine un projet de Jean-Claude Vimont, a été coordonné, après sa disparition, par Marc Renneville (CNRS) et Sophie Victorien (CNRS et membre associée du GRHIS), (https://irihs.univ-rouen.fr/fr/projet/patrimoine-carceral-normand-pcn ) et, pour le GRHIS, par Yannick Marec et Ludivine Bantigny.
Le programme HIZOF -Histoire internationale de la zone franc (2014-2017) dirigé par Olivier Feiertag a été co-financé par la Région, la Banque de France et l’Université japonaise de Kazanawa. Dans le cadre des ce programme de recherche, une EC de cette université, Toyomu Masaki, spécialiste de l’histoire de la monnaie, a été chercheure invitée au GRHIS pendant l’année 2017-2018. Dans le cadre du projet, une allocation post-doctorale a été financé (Vincent Duchaussoy), et une série de rencontres ont été organisés, dont un panel au World Economic History Congress de Kyoto en 2015 (http://www.sfhom.com/spip.php?recherche=HIZOF&page=recherche ).
Le programme NORMONDE -Empire en Seine. Les Normands acteurs de la mondialisation (2017-2019), financé au titre des RIN et placé sous la direction collégiale des universités du Havre (J.F. Klein porteur principal), de Rouen et de Caen a associé cinq laboratoires de recherche, dont le GRHIS. Au cœur du projet, une étude sur le temps long, du Moyen Âge à l’époque contemporaine, de l’axe de la Seine et de la circulation trans-Manche, dans le but de comprendre la construction de la région Normandie et l’affirmation de son identité, le but étant de prendre la mesure et l’impact des effets retours de cette circulation globale sur un millénaire – le cas normand étant unique en termes de continuité dans l’histoire européenne. Deux colloques de restitution à Rouen (Les ports normands à l’échelle du monde. Activités portuaires et économie des territoires, XVIIIe- XXe siècle, 19-20 juin 2019) et au Havre (Septembre 2019) ont été organisés. Dans le contexte de la septième édition de l’Armada, un clip présentant les enjeux du projet NORMONDE a été tourné et diffusé sur internet https://webtv.univ-rouen.fr/permalink/v125cf86c3ccdzt1iwq2/ donnant la parole aux jeunes chercheurs participant au programme. Le projet a permis la réalisation d’une base de données Le ports normand dans les échanges commerciaux internationaux, 1825-1960 , sous la direction de Vincent Duchaussoy, IE recruté pour le projet. A la suite du programme, deux inscriptions doctorales et un master ont été liées directement au projet NORMONDE.
Le séminaire de l’axe 2 s’est concentré dans les dernières années sur l’histoire de la Vallée de la Seine, en lien avec le projet NORMONDE, et avec le projet d’une histoire de Rouen, qui vient d’être publiée, sous la direction de Yannick Marec. Dans le domaine de l’histoire de la protection sociale, Y. Marec a organisé plusieurs initiatives et notamment, comme président du conseil scientifique de la Société Française d’Histoire des Hôpitaux le colloque qui s’est tenu du 15 au 17 octobre 2015 au Conseil régional de Haute-Normandie et au CHU de Rouen sur le thème ” Hôpitaux, médecine et guerres du XVIIIe siècle à nos jours “. Cette rencontre (29 intervenants) a obtenu le label de la Mission du centenaire de la Première Guerre mondiale. (Actes parus aux PURH début 2019 sous le titre Hôpitaux et médecine en guerre. De la création du service de santé militaire aux conflits contemporains).
Trois points forts ont caractérisé principalement les programmes de l’axe 2 : l’intégration des doctorants et des étudiants de Master à la dynamique de recherche du laboratoire ; le renforcement des liens entre le GRHis et son environnement socio-économique (Municipalité de Mont Saint Aignan, Parc naturel régional des Boucles de la Seine) sous la forme de stages et de CIFRE ; l’internationalisation du GRHis à travers ses relations avec le réseau des Écoles françaises d’archéologie ; l’université de Kazanawa ; et la convention avec l’université d‘Orel en Russie (colloque La vie socio- culturelle de l’Europe et de la Russie vue par des intellectuels du XIXe siècle, 29-30 octobre 2018, avec la participation de Yannick Marec et Jean-Yves Frétigné).

En 2020, sur le poste d’histoire sociale du XIXe siècle laissé vacant par Yannick Marec a été recruté Jean-Numa Ducange, déjà MCF à l’Université de Rouen, qui a pris la direction de l’axe, suite à la mutation, en 2020, d’Olivier Feiertag. Cet axe a donc fait l’objet de nombreuses modifications et notamment le départ, les uns après les autres, des trois PR (Y. Marec ; P. Hamon ; O. Feiertag) qui y travaillaient a conduit, d’abord, en 2019-2020, à resserrer les thématiques du séminaire d’axe autour de l’histoire économique et politique contemporaine et, à partir de 2020, à une reformulation du séminaire, désormais ouvert à tous ses membres et orienté vers l’histoire sociale et économique.

Dans le prochain quinquennal cet axe fera l’objet d’une nouvelle organisation qui sera détaillée par la suite.

Projet 2021-2026

PROJETS de l’axe 2: Travail, économie et société dans la longue durée
Responsables: Yves Bouvier et Enora Le Quéré
A partir de 2020-2021, le séminaire de l ’Axe 2, qui depuis plusieurs années, était exclusivement consacrée à l’histoire contemporaine, s’ouvrira aux autres périodes. Dans le prochain quinquennal, sous la direction de Jean-Numa Ducange et Enora Le Quéré l’Axe sera renommé Travail, économie et société dans la longue durée.
Il intégrera les recherches en cours des archéologues, et sera ouvert aux travaux en histoire du travail d’autres membres, et notamment Christel Freu, spécialiste d’histoire du travail dans la Rome antique et, en deuxième affiliation, Anna Bellavitis.

Nicolas Monteix poursuivra ses programmes de fouilles (dans le cadre du programme « Espaces urbains de production et histoire des techniques à Délos et à Pompéi »), tout en exploitant la documentation issue des archives de fouilles anciennes, en particulier à Herculanum, dans la perspective d’une monographie centrée sur le rapport entre le principal fouilleur de la ville et l’état fasciste. L’autre priorité sera celle de la préparation de son HDR qui entend rassembler ses réflexions sur l’histoire des techniques dans l’antiquité romaine dans un mémoire inédit (garant : Martial Monteil, Université de Nantes). Il s’agira de proposer une technologie– entendue comme discours sur les techniques – de la production du pain dans le monde romain, où les différents éléments constitutifs de celle-ci (matières premières, énergies déployées, outils et machines, acteurs, gestes, savoirs) seront décrits avant de proposer des restitutions de la chaîne opératoire, spatialisée dans les ateliers, qui serviront de fondement à une synthèse d’histoire économique entre le IIes. av. n. è. et le IVes. de n. è. En rapport immédiat avec ce dernier chantier, mais cette fois dans un cadre collectif, N. Monteix poursuivra son rôle de coordonnateur de l’équipe internationale chargée, depuis 2016, de préparer un Dictionnaire raisonné multilingue des techniques dans l’Antiquité (DicTA).

Dans le cadre de ses projets sur l’économie de production, Enora Le Quéré poursuivra ses programmes de fouilles en Grèce et prépare une monographie sur les foulons et les fouleries dans l’Orient grec (Ve s. av. J.-C. – IVe s. apr. J.-C.), vaste synthèse comprenant une étude technique, sociale et économique d’un métier du textile encore très mal connu dans le monde grec.

Une forte dimension d’histoire économique et sociale est présente dans le travaux d’A. Bellavitis, et notamment dans le projet MAR.VEN. sur les Statuts des corps de métier de Venise à l’époque médiévale et moderne, dans le cadre du RIN-CORNUM, qui se poursuivra dans les prochaines années, en collaboration avec le Musée Correr de Venise. La mise en ligne des documents numérisés est prévue en 2021, mais pour pouvoir affiner et approfondir la recherche il faudra trouver des financements, après la fin du contrat post-doctoral (12 mois au total) (voir plus bas, Axe 5 et axe transversal Humanités numériques).

A l’automne 2021 est prévu le colloque « Innovation médicale et hospitalière », piloté par Yannick Marec, CHU de Lille et de Lessines en Belgique. Le travail d’ancrage de l’axe en Normandie notamment grâce aux travaux de Yannick Marec sera poursuivi par Jean-Numa Ducange qui projette à l’horizon 2022 un colloque sur l’historiographie de l’histoire sociale, depuis ses premières expressions dans les années 1950-1960 jusqu’à nos jours, qui ancrera sa réflexion notamment dans les dynamiques portées par des collègues de l’Université de Rouen depuis sa fondation, de Marcel Boivin à Yannick Marec. Il s’agira d’offrir une réflexion épistémologique plus large à partir de cas concrets pratiqués en histoire, en ouvrant également à des perspectives pluridisciplinaires (un travail avec les sociologues de Dysolab par exemple).

Jean-Numa Ducange envisage également d’inscrire dans cet axe une série de séminaires, conférences et colloques relatifs à son projet retenu dans le cadre de l’Institut Universitaire de France relatif à l’histoire des gauches européennes et leurs rapports avec “l’Orient”.
De fait les problématiques liées au domaine autrichien seront très présentes, en lien avec la réalité importante que représente pour le laboratoire la revue Austriaca. Cahiers universitaires d’informations sur l’Autriche, une revue de rang international qui est rattachée au GRHIS et co-dirigée par Jean-Numa Ducange. Il s’agira par exemple en 2023 d’organiser une journée d’étude sur les spécificités des politiques sociales en Autriche de la fin du XIXe siècle à “Vienne la Rouge” à partir de 1920. Un tel projet aura également des échos dans l’axe 4, puisque la gestion de Vienne touche directement aux problématiques de réformes, État, révolution ; soit de la meilleure voie à suivre pour réaliser une politique sociale.

Les collaborations avec les universités chinoises seront également poursuivies dans le prochain quinquennal, notamment grâce à l’élection de Jean-Numa Ducange comme professeur associé à l’Université de Liaoning.