Claire Maingon, Mains coupées sur paupières closes. Blessures, mutilations subies et sublimées des artistes en guerre (1914-1930), Presses universitaires de Rouen et du Havre, 270 p., 2018
Présentation
Les conséquences de la Grande Guerre sur les sociétés européennes sont bien connues: des millions de morts, mais aussi quantité de soldats blessés et de mutilés… La guerre a laissé des traces persistantes dans les chairs.
Que nous disent les images de ces hommes blessés jusqu’au tréfonds d’eux-mêmes? Existe-t-il une iconographie officielle de la blessure? Quels messages intimes offrent à notre mémoire les artistes enrôlés et souvent blessés sous l’uniforme? Certains ont été acteurs, d’autres témoins. Tous nous livrent une vision de la guerre qui nourrit un champ historiographique en plein développement, celui de la culture de guerre. Le peintre et le sculpteur, touchés dans leur chair, ont dû parfois réapprendre leur métier, en s’adaptant à un handicap nouveau. Cet ouvrage propose également une réflexion autour d’un thème iconographique et littéraire, celui de la main coupée, en écho au roman de Blaise Cendrars paru en 1946. Image fondatrice, la main coupée devient un symbole du corps martyr, central dans les œuvres de propagande. Place est aussi faite à la question de la prothèse et de l’artificialité, envisagée du point de vue de l’esthétique et de l’iconographie. Plus d’informations sont disponibles sur le site de l’éditeur. |
Sommaire
Introduction
Chapitre 1 – La tête, l’œil et la main
Le corps de l’artiste au cœur de la violence de guerre
- De la blessure à la mutilation
- Perdre la vue
- Perdre la main
- Les nerfs à vif
Le retour de l’artiste blessé et mutilé
- Le prestige du blessé de guerre
- Associations et expositions d’artistes blessés et mutilés de guerre
- La rééducation de l’artiste
- Revenir dans une société en deuil
Chapitre 2 – L’image du blessé et mutilé de guerre
Témoins oculaires
- Images de soldats blessés : une iconographie ambiguë
- Artistes, soignants, saignants
- Acteurs et témoins : les artistes brancardiers
Portrait du mutilé de guerre
- Ludwig Kirchner à la main coupée
- Le pathos du mutilé de guerre
Une iconographie officielle et officieuse
- Les affiches de guerre et l’image de la mutilation
- Le thème de l’invalide : sujet sans frontières de l’après-guerre
Chapitre 3 – La main coupée : une image fondatrice de la culture de guerre ?
Métaphore de la violence faite au corps combattant
- Une symbolique ancrée dans l’histoire sacrée
- Prémonitions macabres sur les champs de bataille
- Cendrars et le Lys rouge
Un motif surinvesti dans la propagande de guerre
- Un symbole des atrocités allemandes
- Quand le patrimoine s’humanise
- Fragments de mains sacrées : du musée des « atrocités allemandes » (Paris, 1916) à la cathédrale de Reims
- Le doigt accusateur d’Abel Gance
Chapitre 4 – Esthétique de la prothèse
Artificialité
- De l’historique des prothèses
- Outils ou substituts ?
- Des êtres infirmes ou artificiels ?
- Reconstruire le visage
Les hommes-prothèses
- De la machine au corps appareillé
- Une iconographie mécanomorphe