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Faire image au XVIIe siècle. Modèles et Perspectives

Date / Heure
Date(s) - 14/11/2024
9:30 - 16:00

Emplacement
Bâtiment A

Catégories


Michael Snijders (1610-1672), Feuille d’étude avec têtes, figures, animaux et végétaux, s.d., eau-forte, Amsterdam, Rijksmuseum.

Salle du Conseil (bât. A)

Argument

L’art, nécessairement au cœur de l’histoire de l’art, a subi une transformation majeure au XXe siècle avec la dissolution des unités rassurantes mais éphémères que furent les « arts du dessin » ou les « Beaux-Arts ». Cette évolution a précipité le passage vers une histoire ouverte et déhiérarchisée des objets artistiques, englobant une réflexion sur l’image, le visuel, les figures et les signes, la culture matérielle, voire l’ensemble des artefacts, et cela à une échelle désormais mondialisée.

Aux côtés des images-objets situées dans des contextes spécifiques, l’histoire de l’art tend à se confronter également aux images littéraires, aux figures rhétoriques, ou encore aux images mentales comme celles du rêve ou de l’imagination. Soucieuse d’art, sinon de beauté ou de perfection, cette discipline n’ignore plus les images modestes, utilitaires ou didactiques (illustrations, schémas, graphiques, cartographie), ni les objets ordinaires dotés de degrés d’artisticité inégaux. Tout en privilégiant les images produites par les savoir-faire humains, l’histoire de l’art est également amenée à étudier leurs interactions avec celles créées ou suscitées par d’autres instances : œuvres d’une Nature elle-même imageante, œuvre divine de la Création, visions ou apparitions. Elle demeure préoccupée par l’imitation (mimésis) mais doit aussi s’interroger sur la perte de ressemblance, la dissimilitude ou la défiguration, sur des régimes de représentations non iconiques, voire sur l’impossibilité de l’image.

L’hétérogénéité des images considérées a conduit à une multiplication de micro-spécialités au sein d’une histoire de l’art aujourd’hui fragmentée. Elle a également exigé une réévaluation des relations, des continuités, des variations ou des conflits entre images plurielles. Celles-ci se prêtent à des interrogations dont la liste et les méthodologies s’accroissent de façon vertigineuse. De manière plus radicale, le privilège longtemps exclusif de l’interprétation a été relativisé. Interpréter, au moyen des ressources de l’iconographie, de l’exégèse ou de l’herméneutique ne peut désormais dispenser de s’interroger sur les modes de manifestation de l’image, sur ses valeurs, usages, appropriations idéologiques, ou encore sur l’efficace de l’image : ses effets sensibles et affectifs, sa puissance de transformation sur les êtres et les choses, ou, a contrario, sa banalisation et son épuisement.

Cette évolution, bénéfique à de nombreux égards pour les ouvertures qu’elle implique, suscite des inquiétudes quant à une perte d’identité disciplinaire, voire à une « fin » de l’histoire de l’art. Elle a pour effet peu contestable de rapprocher, en théorie, l’histoire de l’art des nombreuses autres disciplines confrontées aux images : philosophie, littérature, histoire (culturelle, des sciences et des techniques, des médias, du pouvoir, du corps, du paysage et de l’environnement, etc.), musicologie, anthropologie, sociologie, sémiotique ou théologie. Constatons cependant, dans un contexte d’hyperspécialisation concurrentielle et d’inflation éditoriale, que les relations et les échanges effectifs sont désormais plus affichés qu’avérés, souvent datés, parfois superficiels, partageant fréquemment une même posture athéorique.

Face à ce constat, la journée d’études, précédant une Université d’été consacrée à ces mêmes questions (Paris, Inha, Salle Vasari, 10-11 juillet 2025), propose à la réflexion des divers intervenants issus de spécialisations différentes, mais travaillant sur un même siècle, le terme même « d’image ». L’image, telle qu’elle est envisagée et questionnée, en dehors mais parfois en lien avec l’histoire de l’art. Quelle est la conception de l’image des différents chercheurs rassemblés ? Quels types ou catégories d’images émergent dans leurs travaux ? Quelles questions posent-ils à l’image ? Avec quel outillage méthodologique ? Pour quelles visées ? En vue de quelles interprétations et de quelles conceptualisations ? En bref, que signifie « Faire image » au XVIIe siècle ?

Programme

  • 9h30 – Accueil
  • 10h45 – Philippe HAMOU (Université Paris Nanterre),
    « Imago/pictura : sur une distinction de l’optique képlérienne et sur son destin philosophique ».
  • 11h15 – Hélène LEBLANC (Université catholique de Louvain),
    « Arbres, diagrammes, schémas : Conceptualisation scolastique ou processus de vulgarisation ? ».
  • 11h45 – Stéphane VAN DAMME (Paris, École normale supérieure),
    « Faire image savante par le doute :  Imposture, facticité et tromperie” ».
  • 12h15 – Tony GHEERAERT (Université de Rouen Normandie),
    « Images, figures et poésie à Port-Royal ».

12h45-13h45 – Déjeuner

  • 13h45 – Théodora PSYCHOYOU (Sorbonne Université),
    « Faire image du son et de la musique au XVIIe siècle : des symboles à la matière ».
  • 14h15 – Laurence GIAVARINI (Dijon, Université de Bourgogne),
    « Distance, paysage, histoire : faire image dans la pastorale ».
  • 14h45 – Florence DUMORA (Université Paris Cité),
    « Faire image dans l’Endymion de Gombauld (1624) ».
  • 15h15- Stanis PEREZ (Maison des Sciences de l’Homme-Paris Nord),
    « Images ou reflets ? Esthétique et rhétorique du “miroir” dans la construction iconographique au XVIIe siècle ».
  • 15h45- Stéphane HAFFEMAYER (Université de Rouen Normandie),
    « Représentations iconographiques de la tyrannie : Cromwell à travers les gravures au XVIIe siècle ».

 

Organisation/Répondants : Olivier BONFAIT (Dijon, Université de Bourgogne), Giovanni CARERI (Paris, Ehess), Frédéric COUSINIE (Université de Rouen Normandie), Romain THOMAS (Paris, Inha), Vanessa SELBACH (Paris, Bnf).

 

 

 

Journée d’étude organisée par le Groupe de recherche en Histoire (Grhis) – Université de Rouen Normandie

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