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Nouvelle édition de l’Histoire de la Révolution française I & II, de Jules Michelet

Paule Petitier (dir.) avec la collaboration de Michel Biard, Philippe Bourdin, Jean-Claude Caron, Aude Déruelle, Hervé Leuwers, Florence Lotterie, Dominique Pety et Jean-Marie Roulin, Histoire de la Révolution française I, II, Gallimard, 3072 p., 2019

Présentation

Avril 1789, réunion des États Généraux – juillet 1794, mort de Robespierre : telle est la période couverte par l’Histoire de la Révolution française, ici republiée d’après l’édition originale parue en sept volumes de 1847 à 1853. Au moment où paraît le tome premier, en 1847, Michelet est un historien reconnu, directeur de la section historique des Archives depuis 1830, professeur au Collège de France depuis 1838. Quand sort le dernier volume, en 1853, il a connu la tourmente des événements, perdu sa chaire au Collège et son poste aux Archives, quitté Paris. Comment la composition et l’écriture de l’Histoire de la Révolution française ne seraient-elles pas marquées par la situation politique? Aussi cette Histoire est-elle double : le récit de la Révolution de 1789 est comme traversé par l’histoire en train de se faire, de la révolution de 1848 au prince-président et au 2 décembre. Le passé et le présent s’entrecroisent. La Deuxième République meurt sous les yeux de Michelet tandis qu’il s’efforce de faire revivre l’esprit de la Révolution et de redonner une âme au peuple. La rédaction des deux derniers volumes, à partir de l’arrestation des Girondins en juin 1793, coïncide avec les débuts du Second Empire. Le choix de l’édition originale permet de mettre en évidence, dans la présentation proposée pour chaque tome, cette double dimension du chef-d’œuvre de Michelet.
Michelet est «pour tout historien de la France la référence majeure et pour tout citoyen l’une des figures tutélaires de la France républicaine» (Pierre Nora). Il est aussi un «génie authentique et prosateur de grande classe» (Sartre) ; de grands écrivains, Proust, Claude Simon ou Pierre Michon, le reconnaissent comme l’un des leurs ou se reconnaissent dans sa manière d’écrire l’Histoire. Cette manière, il l’a inventée, et elle lui est propre. Ses inoubliables portraits de révolutionnaires (Mirabeau, Danton… ), dont il a préféré montrer la fragilité et l’humanité plutôt que le caractère héroïque, côtoient des scènes au développement narratif sophistiqué ; le regard rétrospectif de l’historien s’y mêle aux perceptions immédiates des personnages qu’il dépeint. «Brunswick dirigea sa lorgnette, et il vit un spectacle surprenant, extraordinaire» : le regard du spectateur historique fait apparaître l’invisible en même temps que le sens de l’événement. L’emploi du discours indirect libre brouille les pistes : on ne sait si les commentaires appartiennent aux acteurs historiques ou à l’auteur lui-même. Les idées se développent sous la puissance de l’imagination.
«Ce n’est pas une histoire, c’est une vision», s’écriait Gustave Planche dans la Revue des deux mondes en 1850 : un reproche sous sa plume, bien entendu. Mais aussi la raison pour laquelle le texte demeure présent et actif. Reprocher à Michelet de manquer de rigueur, comme on a pu le faire, c’était négliger la formidable aptitude de l’historien et de l’écrivain à associer l’esthétique littéraire à l’intelligence historique dans sa description du réveil d’une nation qui se découvre souveraine.

Plus d’informations sont disponibles sur le site Internet de l’éditeur.

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