Coordination éditoriale de Michel Biard, Jean-Numa Ducange, Jean-Yves Frétigné, Centralisation et fédéralisme – Les modèles et leur circulation dans l’espace européen francophone, germanophone et italophone, Coll. Changer d’époque (Presses universitaires de Rouen et du Havre), 242 p., 2018.
À l’aube du XXIe siècle, la question de l’organisation des pouvoirs et du fil conducteur entre ces pouvoirs possède toujours une grande acuité, certains pays européens ayant choisi des voies menant vers une organisation de type fédéral, d’autres ayant privilégié un modèle plus centralisé, sans pour autant que deux « modèles » s’opposent de manière manichéenne. Dans la plupart des cas, ces structures étatiques font encore l’objet de débats, voire de controverses, et la centralisation est souvent évoquée en association avec son antonyme, la décentralisation, voire avec le fédéralisme. Dans la République française, toujours intimement liée aux héritages de la Révolution, des querelles presque permanentes agitent le monde politique et médiatique autour de la question du poids de l’État, avec souvent des usages péjoratifs des termes « jacobin » et « jacobinisme » qui renvoient à l’omniprésence des héritages révolutionnaires. Au-delà des frontières françaises, système fédéral ou non, des débats agitent aussi l’Italie ou l’Allemagne autour du « poids » supposé de telles ou telles régions géographiques économiquement moins « dynamiques » et que le reste du pays serait contraint à traîner comme un « boulet ». Länder orientaux et Mezzogiorno fournissent ainsi nombre d’arguments à des mouvances politiques soucieuses de dénoncer un système qui leur apporterait des aides trop importantes, voire adeptes d’une scission territoriale supposée résoudre toutes les contradictions comme si les frontières pouvaient aujourd’hui encore être des « remparts » efficaces. Ces questions ont été omniprésentes en Europe dès la Révolution française, avec en amont les échanges intellectuels autour des modèles politiques des XVIIe et XVIIIe siècles, et en aval l’influence révolutionnaire exportée en Europe par le biais là encore de transferts culturels, mais aussi à la force des baïonnettes. Le présent ouvrage propose une approche comparatiste entre les pays européens de langue française, allemande et italienne, les plus touchés par l’influence de la Révolution française, même si naturellement ils n’ont pas été les seuls à l’être. |
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Sommaire
Introduction
- Haim Burstin – « Fédéralisme » : réflexions sur la formation d’un topos dans la rhétorique politique de la Révolution française
- Danièle Pingué – Les jacobins francs-comtois et la révolte du « Jura contre Paris » de 1793
- Côme Simien – Entre centralisation et décentralisation des questions scolaires : relire l’échec de l’école de la République (1789-1802)
- Riccardo Benzoni – La fête sous les ailes de l’aigle
- Gaïd Andro – Imputation rhétorique ou réalité administrative ?
- Valentina Dal Cin – Centralisation et fédéralisme entre nouveauté et tradition : Français et Autrichiens en Vénétie et à Venise (1797-1815)
- Manuela Albertone – Décentralisation territoriale et unité de la nation
- Juri Auderset – Scripts révolutionnaires et fédéralisme
- Fausto Proietti – « Que la commune soit souveraine »
- Giustina Manica – Du fédéralisme au centralisme
- Carlo Moos – L’Italie de 1861 critiquée par Carlo Cattaneo d’un point de vue fédéraliste
- Gilda Manganaro Favaretto – Le fédéralisme : enjeu problématique dans l’histoire européenne récente
- Ivana Pederzani – Un cas de « centralisation à l’italienne »
- Pierre Allorant – La Société de législation comparée et le débat sur centralisation et fédéralisme
- Antoine Chollet – Les sens politiques du fédéralisme suisse
- François Antoine – La fusion des communes en Belgique
- Sandro Rogari – Le régionalisme dans l’Italie républicaine
- Corrado Malandrino – Peuple et citoyenneté européens dans une perspective fédéraliste communicationnelle : Balibar, Habermas…