Marc Belissa et Yannick Bosc, Le Consulat de Bonaparte. La fabrique de l’État et la société propriétaire, 1799-1804, Paris, La fabrique, 304 p., 05/11/2021
Présentation
Le Consulat de Bonaparte issu du coup d’État du 18 brumaire est davantage qu’un régime transitoire, prélude au Ier Empire : c’est la période où se mettent en place les structures de l’État contemporain, et beaucoup d’institutions aujourd’hui familières (le Code civil, la Légion d’honneur, les préfets, les lycées…). La centralisation administrative du pays prend sa source dans la dictature de Bonaparte, laquelle s’appuie sur la surveillance policière et la censure. La démocratie est confisquée dans les mains d’un pouvoir exécutif omnipotent. La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen disparaît, incompatible avec le pouvoir des propriétaires et l’ordre social promu par le régime. À l’extérieur, le Consulat est marqué par la construction d’une hégémonie autoritaire sur les peuples européens, par une réaction coloniale sanglante et le rétablissement de l’esclavage en 1802.
Bonaparte s’est prétendu le continuateur de la Révolution mais son Consulat brise pour de bon l’élan émancipateur de 1789 en inscrivant dans les rouages de la machine étatique la dépolitisation de la nation. Un héritage dont la Ve République – elle-même issue d’un coup d’État militaire – porte les stigmates.
Antonio Gramsci, Jean-Yves Frétigné (éd.), Cahiers de prison, une anthologie, éditions folio, 800 p., 21-10-2021
Présentation
Pourquoi les Cahiers de prison d’Antonio Gramsci sont-ils si souvent cités et pourtant toujours si peu lus? La cause est-elle à chercher dans leur caractère fragmenté et volumineux à la fois? Tient-elle à l’oubli des références qui sont celles de la culture de Gramsci? Se comprend-elle par le peu de connaissance que nous avons de la vie de cet intellectuel engagé dans les combats de son temps? S’explique-t-elle par un message philosophique et politique aujourd’hui moins audible? Peut-être… mais il semble avant tout que l’oeuvre majeure de Gramsci pâtisse de la surimposition des interprétations aux dépens de la lecture directe des textes.
L’objectif de cette anthologie est de remédier à cette difficulté en permettant une saisie plus facile, plus immédiate et surtout la plus complète de la pensée gramscienne affranchie des gloses qui l’entourent et qui parfois la dénaturent ainsi que des réductions à quelques formules répétées à l’envi.
Caroline zum Kolk, Boris Bove, Alain Salamagne (dir.), L’itinérance de la cour en France et en Europe (Moyen Âge-XIXe siècle), Nouvelle édition [en ligne]. Villeneuve-d’Ascq : Presses universitaires du Septentrion, 2021
Présentation
Dès le Haut Moyen Âge, la cour de France observe une pratique qui frappe par son ampleur et sa persistance à travers les siècles : elle se déplace régulièrement d’une résidence à l’autre et traverse parfois le pays entier dans le cadre de grands voyages. Ce mode de vie a laissé des témoignages émerveillés des contemporains qui assistaient au passage d’un cortège dont la taille pouvait atteindre 14 000 personnes.
Peu étudiée, cette pratique du pouvoir est au cœur du présent ouvrage qui explore la mobilité royale sur le temps long et dans une perspective comparative. Il permet de mieux appréhender les effets de l’itinérance sur la vie politique et sociale ainsi que sur la cour royale qui en a été profondément marquée. L’histoire des déplacements est révisée grâce à une étude statistique inédite portant sur cinq siècles ; ses particularités émergent d’enquêtes dédiées à d’autres cours européennes et à la mobilité de grands courtisans.
En s’inscrivant dans la recherche sur les pratiques du pouvoir, les dix-huit études réunies dans cet ouvrage proposent un regard neuf sur une tradition indissociable de l’histoire politique française et européenne.
Rémy Campos, Alain Carou, Aurélien Poidevin (dir.), De la scène à la pellicule. Théâtre, musique et cinéma autour de 1900, 296 p., L’Oeil d’or, 2021
Au début XXe siècle, le cinéma naissant entretient des rapports étroits avec le spectacle vivant. Les procédés du théâtre, de l’opéra, de la féerie, du ballet ou du café-concert sont alors employés dans les théâtres de prise de vue, ancêtres des plateaux de tournage. Les artistes et techniciens qui construisent les décors, fabriquent les costumes ou réalisent les trucages cinématographiques œuvrent aussi dans les salles de spectacle à Paris et en province. Les metteurs en scène de cinéma ont souvent été régisseurs de théâtres. Devant la caméra, les acteurs reprennent les mêmes gestes expressifs que sous les feux de la rampe. Des histoires identiques sont racontées sur les scènes ou à l’écran. À chaque instant, le cinéma des premiers temps puise dans des traditions scéniques anciennes des ressources nouvelles.
De la scène à la pellicule documente et interroge la théâtralité du cinéma en France, notamment à partir de productions du Film d’Art, réalisées entre 1908 et 1912. L’ouvrage contient une centaine d’illustrations, de nombreuses sources inédites et deux DVD. Pour trois des 20 films restaurés, l’accompagnement musical originel a été réinterprété, enregistré et synchronisé, permettant pour la première fois de retrouver les conditions de projection d’origine. La musique de L’Assassinat du duc de Guise (Camille Saint-Saëns) est jouée par l’orchestre de la Haute école de musique de Genève dirigé par Laurent Gay, celles de L’Empreinte ou La Main rouge (Fernand Le Borne) et du Retour d’Ulysse (Georges Hüe) sont interprétées au piano par Anne Le Bozec.
Avec les contributions d’Iris Berbain, Rémy Campos, Alain Carou, Quentin Gailhac, Agnès Hospitalier, Priska Morrissey, Aurélien Poidevin, Valentine Robert, Frédérick Sully, Stéphane Tralongo et des entretiens avec Béatrice de Pastre, Anne Le Bozec, Laurent Gay et Didier Henry.
2 DVD (pour une durée totale de 4 h 22 m) : L’Assassinat du duc de Guise – L’Empreinte ou La Main rouge – Le Retour d’Ulysse – La Main – Un duel sous Richelieu – L’Enfant prodigue – Mireille – La Tour de Nesle – La Grande Bretèche – Une conquête – Moines et guerriers. Épisode du siège de Saragosse (1808) – Le Luthier de Crémone – Macbeth – Carmen – Lucien Fugère dans Don Juan – Jeanne Hatto dans Iphigénie en Tauride – Émile Cossira dans Roméo et Juliette – La Rançon du bonheur – Manon Lescaut – Œdipe roi.
Yannick Marec (coord.) et avec Jacques Poisat, Hôpital, ville et citoyenneté, 422 p., Presses universitaires de Rouen et du Havre, 08/07/2021
Présentation
Souvent premiers employeurs des villes où ils sont installés, objets de débats politiques et de mobilisations citoyennes, en particulier au moment des regroupements, fusions et désaffections d’établissements ou encore en période de crise sanitaire, les hôpitaux sont au centre de la vie économique, sociale et politique mais aussi culturelle des cités.
Cet ouvrage cherche précisément à mettre en évidence l’ancienneté de l’emprise urbaine des hôpitaux ainsi que celle des liens entretenus entre ces espaces d’assistance et, de plus en plus, de soins, avec les sociétés urbaines du Moyen Âge à nos jours et souligne le rôle important joué, à travers les siècles, par l’hôpital dans la vie de la cité.
Prologue. L’implantation hospitalière dans l’espace urbain
Chapitre premier – Pascal Montaubin, L’hôpital et la cité en Picardie (XIIe-XVe siècles)
Chapitre 2 – Jean-Christophe Dumain, Les chantiers hospitaliers à Laon du XIVe au XVIe siècle
Chapitre 3 – Cyrille Ducourthial, Hors et dans la ville : l’emprise de l’hôtel-Dieu de Lyon des origines au XIXe siècle
Chapitre 4 – Stéphane Ardouin et Olivia Puel, Regards croisés d’archéologie et d’histoire sur l’hôtel-Dieu de Lyon
Chapitre 5 – Emma Bouvard-Mor, Camille Vanhove, Arnaud Tastavin et Isabelle Bouchez, Un patrimoine particulier : les cimetières de l’hôtel-Dieu de Lyon
Ire partie. L’hôpital dans la ville (XIIIe-XIXe siècles)
Introduction – Jacques Brunier
Chapitre 6 – Marie-Claude Dinet-Lecomte, La municipalisation des hôpitaux : un enjeu de pouvoir dans la cité sous l’Ancien Régime
Chapitre 7 – Jean Morlaes, Cité épiscopale et hôpital sous l’Ancien Régime : le cas de Dax
Chapitre 8 – Elena Musiani, L’hôpital à Bologne au XIXe siècle : de la cité médiévale aux collines de la ville
IIe partie. Hospitalisation et déshospitalisation
Introduction – Yannick Marec
Chapitre 9 – Antony Kitts, Une ville dans la ville : de l’asile départemental au nouvel hôpital de Navarre (1866-2018)
Chapitre 10 – Marie Derrien, La clinique psychiatrique départementale d’Esquermes : une initiative pionnière de prise en charge des troubles mentaux en milieu urbain
Chapitre 11 – Sandra Harrisson et Marie-Claude Thifault, L’hôpital Montfort : espace de soins psychiatriques, de soutien et d’assistance à la communauté francophone de la ville d’Ottawa
Chapitre 12 – Éric Kocher-Marboeuf, Villejuif ou la ville-hôpital entre mutations et résilience
IIIe partie. Approches médicales, spatiales et politiques de l’hospitalisation
Introduction – Yannick Marec
Chapitre 13 – Michel Amiel et René Hénane, La révolution radiologique
Chapitre 14 – Najet Hamzaoui Oueslati, Mutations historiques et impact spatial de l’institution hospitalière en Tunisie : le cas de l’hôpital Aziza-Othmana à Tunis
Chapitre 15 – Lila Bonneau et Marie Gaimard, Clichy, terre d’accueil de l’hôpital Beaujon : de la résignation à la reconversion
Chapitre 16 – Jacques Ariès, Cécile Béneux et Julien Gaillard, De l’accueil des pèlerins à un pôle médical du CHU de Poitiers : l’exemple de l’hôpital de Montmorillon du XIe siècle à nos jours
IVe partie. Le musée hospitalier dans la ville
Introduction – Hélène Servant
Chapitre 17 – Sergueï Piotrovitch d’Orlik, Les musées hospitaliers au XXIe siècle : l’exemple du musée des Hospices civils de Lyon, 2014-2019
Chapitre 18 – Patrick Kemp, Le patrimoine hospitalier lillois
Chapitre 19 – Sophie Demoy, Le musée Flaubert et d’histoire de la médecine, un musée à double vocation original et atypique
Chapitre 20 – Camille Perez, Réinventer un musée hospitalier : nouveaux enjeux pour le musée de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris
Épilogue. Les politiques hospitalières et leurs impacts économique, politique, social et culturel
Chapitre 21 – Sofiane Bouhdiba, Hôpital colonial et prosélytisme médical dans le protectorat tunisien (1881-1956)
Chapitre 22 – Philippe Roger, L’abandon du projet d’hôpital de pneumologie de Fresnicourt-le-Dolmen
Chapitre 23 – Alain Benini, Patrimoine hospitalier, quelle responsabilité !
Chapitre 24 – Cécile Jaglin-Grimonprez, Quels rôles économiques directs et indirects jouent les CHU sur leur territoire et au-delà ?
Que signifie le terme ” socialisme ” en ce début du XXIe siècle ? Où et comment sont nés les divers projets socialistes au XIXe siècle ? Quelles furent leurs destinées selon les pays ? Le socialisme a-t-il un avenir, et si oui sous quelles formes ? Cet ouvrage entend analyser les multiples réalités auxquelles renvoie le terme ” socialisme ” au cours des deux derniers siècles, en cherchant à rendre compte de la façon la plus exhaustive possible des développements théoriques comme des expériences historiques concrètes.
Il ne sera pas question de valoriser ou dévaloriser telle ou telle forme de socialisme, mais d’examiner la diversité des pratiques et des idées. De la social-démocratie à l’extrême gauche, des plus gestionnaires aux plus contestataires, tous les courants y ont leur place. Cette histoire globale se présente sous la forme d’un dictionnaire avec trois grandes parties : ” Les mots du socialisme ” (partie conceptuelle), ” Moments ” (grandes dates), ” Figures ” (personnages historiques).
Cet ouvrage s’adresse aussi bien aux spécialistes des questions politiques qu’à un public plus large.
François Ternat, L’épistolière et le cuirassier. Récits de guerre, paroles d’amour 1914-1919, 214 p., 07/2021
Présentation
Août 1914. Luce et Jean n’ont pas dix-neuf ans, ils sont fiancés. Lui devance l’appel, s’engage et fait toute la guerre dans un régiment de cavalerie. Il tient, écrit à la mine sur des petits carnets, son journal de guerre. Elle, à l’arrière, lui écrit, tous les jours, des longues lettres enflammées. Pendant cinq ans, journal intime et correspondance amoureuse disent le quotidien de la guerre comme les sentiments mêlés des promis séparés, entre engagement patriotique sans faille et terreur de perdre l’être aimé.
Mêlant « récit de cavalerie » et histoire sociale, celle d’un milieu, la petite bourgeoisie parisienne, plongé dans la guerre, François Ternat, leur petit-fils, à partir d’archives privées, propose de passer du temps de la mémoire au temps de l’histoire.
Table des matières
Du secret des tiroirs
Été 1914. L’engagement
“Les cuirassiers n’ont pas donné”. Chronique de guerre d’un régiment de cavalerie
De chevauchées en tranchées, le quotidien d’un cuirassier dans la Grande Guerre
Ludivine Voisin, Les monastères grecs sous domination latine (XIIIe-XVIe siècles). Comme un loup poursuivant un mouton, Brepols, 452 p., 08/2021
Présentation
Le sac de Constantinople, en 1204, a convaincu des historiens que le monachisme grec ne peut survivre dans un environnement dominé par l’élément latin, à Constantinople et ailleurs. L’extension chronologique et géographique de la domination latine au Moyen Âge permet de s’interroger sur la validité du modèle constantinopolitain dans les autres pays gréco-latins et de poser la question du maintien de l’identité monastique grecque après 1204. L’intégration d’une multitude de fondations dans une analyse comparative à grande échelle temporelle et géographique met en évidence des évolutions et des stratégies communes. Alors que le monachisme grec d’Italie du Sud décline aux XIIe et XIIIe siècles et que les monastères de Constantinople ne se relèvent pas, le mouvement monastique renaît partout ailleurs et de manière continue. L’identité institutionnelle des fondations monastiques est aussi maintenue après 1204. Une évolution est toutefois notable : comme en Occident, les pouvoirs religieux et civils tentent de réduire les pouvoirs des laïcs sur les établissements monastiques. Le projet pontifical de constitution d’une Église libre se manifeste aussi par la volonté de faire des clercs des individus libérés des obligations féodales, ce qui pose problème pour les Grecs, majoritairement dépendants. Finalement, la tradition monastique est respectée : aucune restriction de statut n’empêche l’entrée en religion des Grecs. La correspondance pontificale démontre que le monachisme grec fait partie de l’Église universelle, sans modifier son identité. La vitalité, notamment économique, et l’identité du monachisme grec ne sont pas altérées par la présence latine.
Plus d’informations sont disponibles sur le site Internet de l’éditeur.
Table des matières
Introduction
Chapitre premier
Des croisades à la conquête ottomane : la structuration religieuse, sociale et juridique des sociétés gréco-latines
Chapitre II
Le statut, l’administration et l’organisation des monastères grecs : une rupture institutionnelle ?
Chapitre III
Le patrimoine économique des fondations grecques
Chapitre IV
Le monachisme grec dans les sociétés gréco-latines
Chapitre V
L’ancienne ou la nouvelle rome : Les monastères grecs et l’autorité universelle aux XIIIe-XVIe siècles