Pierre Cosme, L’empire romain, La Documentation photographique n°8136, CNRS Editions, octobre 2020
Au 1er siècle av. J.-C., Rome, cité italienne du Latium, a formé un empire à l’échelle de l’Europe occidentale et de la Méditerranée. Les institutions de cette république échouent à empêcher la guerre civile qui oppose les généraux victorieux, désireux d’imposer leur pouvoir. Sorti vainqueur du conflit qui l’opposait à Marc Antoine, Octavien, devenu Auguste, fonde un nouveau régime politique : le Principat. Tout en conservant les apparences républicaines, il assoit ainsi son pouvoir personnel et adapte les institutions de Rome aux dimensions de l’Empire.
Ce moment politique essentiel ouvre une période de cinq siècles d’unité territoriale autour de la Méditerranée pendant laquelle s’épanouit la civilisation gréco-romaine.
Cette continuité remarquable ne doit pas faire illusion : l’empire n’échappe pas à de nouveaux épisodes de guerre civile et, confronté aux invasions perses et barbares, il connaît une crise profonde au IIIe siècle. Les institutions s’adaptent : avec la Tétrarchie, Dioclétien expérimente pour la première fois la coexistence de plusieurs empereurs. Rome cesse bientôt d’être la capitale impériale, remplacée par d’autres cités plus proches des frontières, comme Trèves, Ravenne, Thessalonique et surtout Constantinople.
Par ailleurs, l’Empire est très divers : hellénophones et fortement urbanisées, les provinces orientales sont héritières des royaumes hellénistiques ; le latin l’emporte dans les provinces occidentales, moins densément peuplées. Le limes, frontière militarisée défendue par le vaste outil militaire constitué par les légions et les troupes auxiliaires, varie selon la topographie et l’ampleur des menaces. Il est profond et robuste sur le Rhin et le Danube, plus léger dans les déserts d’Afrique et du Proche-Orient.
Pourtant, le mode de vie romain exerce une grande séduction dans tout l’Empire. Outre les colonies, fondées pour installer les vétérans, les cités des provinces voient bâtir forums, temples voués au culte impérial ou à des divinités romaines, théâtres, thermes, à l’initiative d’aristocraties locales récompensées par Rome pour leur loyalisme. Le droit romain est un facteur d’unité dans un empire où, au début du IIIe siècle, l’édit de Caracalla accorde la citoyenneté à tous les habitants libres. Un vaste réseau de routes et de ports est le support de flux commerciaux qui traversent toute la Méditerranée et permettent l’approvisionnement de l’Urbs.
En embrassant une vaste chronologie, ce dossier explore l’Empire romain dans ses évolutions, sa diversité, mais aussi ses éléments de continuité structurants. Il offre un aperçu de cette société fortement hiérarchisée, reposant sur l’esclavage, mais dans laquelle des esclaves affranchis peuvent s’élever à des fonctions parmi les plus hautes de l’État.
Eglal Doss-Quinby, Gaël Saint-Cricq, Samuel N. Rosenberg (ed.), Robert de Reims : Songs and Motets. Penn State University Press, 2020
Description
Robert de Reims, also known as “La Chievre de Rains,” was among the earliest trouvères—poet-composers who were contemporaries of the troubadours but who wrote in the dialects of northern France. This critical edition provides new translations into English and modern French of all the songs and motets ascribed to him, along with the original texts, the extant music, and a substantive introduction.
Active sometime between 1190 and 1220, Robert was an influential figure in the literary circles of Arras. Thirteen compositions set to music are here attributed to him, including nine chansons and four polyphonic motets that were broadly disseminated in the thirteenth century and beyond. Robert’s work is exceptional on a number of fronts. He lavished particular care on the phonic harmony of his words. Acoustic luxuriance and expertise in rhyming, grounded in the play of echoes and variation (often extending into the music), constitute the hallmark of his poetry. Moreover, he is the earliest trouvère known to have composed a parodic sotte chanson contre Amours (silly song against Love).
Located clearly at the nexus of monophonic song and polyphony, Robert’s corpus also poses the intriguing question of trouvère participation in the development of the polyphonic repertory. The case of Robert de Reims jostles and tempers the standard history of the chanson and motet.
Accessible and instructive, this trilingual critical edition of his complete works makes the oeuvre of this innovative and consequential trouvère available in one volume for the first time.
Éric Schnakenbourg et François Ternat (dir.), Une diplomatie des lointains. La France face à la mondialisation des rivalités internationales, XVIIe-XVIIIe siècles, PUR, 2020
A partir du XVIIe siècle, l’élargissement du champ d’activité de la diplomatie française à l’Amérique, à l’Afrique et à l’Asie invite le monde à la table des grandes négociations. Mais parallèlement, au niveau local, la conduite de la diplomatie ordinaire est une affaire d’individus vivant à l’interface des mondes européens et autochtones. Qu’ils participent à la conclusion de traités de paix, à la réussite d’opérations commerciales ou à la traite des esclaves, ils sont les acteurs de terrain de la mondialisation de la diplomatie française.
L’influence toujours plus importante des espaces lointains sur la conduite de la diplomatie française est un défi aux multiples dimensions dont ce volume a l’ambition de rendre compte en jouant sur les points de vue et les échelles pour comprendre l’exercice de la diplomatie française à l’écoute et à l’épreuve du monde.
Sommaire
Éric Schnakenbourg et François Ternat, Introduction
Première partie – Organiser le monde par la négociation : les horizons mondiaux de la diplomatie française
Éric Schnakenbourg, Les dispositions sur l’outre-mer dans les traités conclus par la France. Du milieu du XVIIe siècle à 1713 : l’émergence d’une diplomatie atlantique.
François Ternat, Les dispositions sur l’outre-mer dans les traités conclus par la France. 1713-1815 : d’une diplomatie atlantique à une diplomatie mondiale.
Deuxième partie – Le droit comme saisie intellectuelle du monde
Saliha Belmessous, La négociation diplomatique comme matrice d’un droit hybride aux XVIIe et XVIIIe siècles.
Éric Schnakenbourg, De la diplomatie coloniale à la diplomatie impériale. La France et le recours à la neutralité dans les territoires ultramarins, XVIIe-XVIIIe siècles.
Troisième partie – Une diplomatie du nÉgoce
David Chaunu, Route des Indes ou îles esclavagistes ? La « pénétration commerciale de l’Amérique espagnole » à l’épreuve de la diplomatie des îles sous Louis XIV.
Sylvain Lloret, De la Péninsule à l’Empire. Les horizons américains de la diplomatie commerciale franco-espagnole au XVIIIe siècle.
Massimiliano Vaghi, La diplomatie autonome de la Compagnie française des Indes au Bengale (1720-1740).
John Shovlin, Les compagnies de commerce française et britannique au XVIIIe siècle. Rivalités et conciliations.
Quatrième partie – La mise en œuvre d’une diplomatie coloniale par des acteurs locaux
Éric Roulet, Les relations entre Français, Caraïbes et Anglais dans les Petites Antilles, 1625-1660.
Gilles Havard, Un diplomate trop charitable ? Servir le roi parmi les Indiens des Grands Lacs.
Elisabeth Heijmans, Directeurs de comptoirs et diplomatie du quotidien au tournant du XVIIIe siècle, Ouidah et Pondichéry.
Cinquième partie – Diplomatie et traite des esclaves
Adjé Séverin Angoua, Diplomatie française et esclavage sur la côte de l’Or (1685-1703).
Cheikh Séné, Commerce colonial français et diplomatie en Sénégambie au XVIIIe siècle.
Sixième partie – Négocier avec les souverains du lointain
Marie Ménard-Jacob, La campagne de Ceylan. Pourparlers et tentative d’établissement français pendant la guerre de Hollande.
Susan Mokhberi, Mise en scène du lointain et propagande. La publication du voyage de l’ambassadeur de Perse Mohammad Reza Beg auprès de Louis XIV en 1715.
François Ternat, Lettre d’or et canon. Diplomaties française et britannique auprès des cours birmanes pendant la guerre de Sept Ans.
Claire Gheeraert-Graffeuille & Geraldine Vaughan (Eds.), Anti-Catholicism in Britain and Ireland, 1600–2000. Practices, Representations and Ideas, Palgrave Macmillan, 2020
This edited collection brings together varying angles and approaches to tackle the multi-dimensional issue of anti-Catholicism since the Protestant Reformation in Britain and Ireland. It is of course difficult to infer from such geographically and historically diverse studies one single contention, but what the book as a whole suggests is that there can be no teleological narration of anti-Catholicism – its manifestations were episodic, more or less rooted in common worldviews, and its history does not end today.
Table of contents
The Catholic “Other”, Claire Gheeraert-Graffeuille (et al.)
Catholic Strategies of Resistance to Anti-Catholicism in Seventeenth-Century England, Luc Borot
Anti-Popery in Eighteenth-Century Scotland: A Scottish Catholic Perspective, Clotilde Prunier
Everyday Anti-Catholicism in Early Eighteenth-Century England, Carys Brown
“The Great Contest Between the Papist and Protestant”: Anti-Catholicism in Lucy Hutchinson’s Memoirs of the Life of Colonel Hutchinson, Claire Gheeraert-Graffeuille
“Papists Make a Direct Profession of This Shamefull Sin”: Denouncing Catholic Ignorance in Seventeenth-Century England, Sandrine Parageau
Beyond “The General Consent of the Principall Puritans and Jesuits against Kings”: The Rationalist Plea for Resistance in John Milton and Algernon Sidney, Christopher Hamel
Through the French Looking Glass: Anti-Semitism, Anti-Protestantism and Anticlericalism. A Study in Doctrines of Hatred at the Turn of the Twentieth Century, Valentine Zuber
The Scandalous Nun: Anti-Catholic Representations of English Nuns in Exile in the Seventeenth Century, Laurence Lux-Sterritt
Joseph Addison, Anti-Catholicism and Politeness, Claire Boulard Jouslin
Papal Tyranny on the Stage: The Jacobite Rising of 1745 and the London Theatres, Marc Martinez
Anti-Catholicism and the Rhetoric of Slavery in Irish Writing, c. 1690–1730, James Ward
Anti-Catholicism and the Scottish Middle Class 1800–1914, Martin J. Mitchell
Fishing for Controversy: W.S. Kerr and the Demise of Church of Ireland Anti-Catholicism, Alan Ford
A New Order in Post-conflict Northern Ireland—The Museum of Orange Heritage, Karine Bigand
The Rise and Fall of Anti-Catholicism in Scotland, Sir T. M. Devine (et al.)
Conclusion: Taking the Long View of Anti-Catholicism, John Wolffe
La revue Austriaca. Cahiers universitaires d’information sur l’Autriche, soutenue par le GRHis, a été fondée en 1975 par Félix Kreissler, alors maître de conférences à l’université de Rouen, et un groupe de chercheurs spécialisés dans la recherche sur l’Autriche ou l’Europe centrale.
Ce numéro double propose une histoire culturelle des relations austro-tchécoslovaques au XXe siècle, à la lumière de figures d’intellectuels et de médiateurs culturels ayant favorisé les transferts culturels entre Vienne et Prague, notamment Thomas Masaryk, les écrivains du Cercle de Prague, Leoš Janáček, Adolf Loos, Richard Teschner, Jiří Gruša, ainsi que trois revues : Musikblätter des Anbruch, Prager Presse et Wir und Sie im Herzen Europas.
Hélène Leclerc, Introduction Les relations austro-tchèques depuis la fin de l’Autriche-Hongrie
Alain Soubigou Thomas Masaryk, Viennois ou Pragois ?
Steffen Höhne Finis Austriae. Prager Rückblicke auf die Habsburgermonarchie
Jean-François Candoni Vienne à l’écoute de Prague. La vie musicale pragoise selon la revue Musikblätter des Anbruch (1919-1937)
Gaëlle Vassogne « Die Erstaufführung einer tschechischnationalen Oper ». Jenůfa à Vienne
Cécile Poulot Prague et la Tchécoslovaquie dans la trajectoire de l’architecte viennois Adolf Loos
Céline Trautmann-Waller Richard Teschner (1879-1948) et le théâtre de marionnettes artistique entre Prague et Vienne
Michal Topor Wiener Verbindungen der Prager Presse im ersten Jahr ihres Bestehens (1921). Prolegomena zu weiteren möglichen Forschungen
Hélène Leclerc « Nous et vous au cœur de l’Europe » : la relation austro-tchécoslovaque durant les années 1960 vue de Prague
Renata Cornejo Jiří Gruša – ein mitteleuropäischer Dichter, Politiker und Kulturvermittler
Varia
Daniel Macher « Archaïscher Torso Apollos » (Torse archaïque d’Apollon) : un poème intraduisible ? À propos des mots Bug, Sturz et de quelques autres
Monika Wolf „Das könnte man gesellschaftlich so sagen, aber es wäre weiter nichts als eine vertuschende Redeweise“ (Theodor, 1. Akt, 12. Szene)
Gesprächs- und emotionslinguistische Beobachtungen von Hofmannsthals Lustspiel Der Unbestechliche, Akt I
Paola Paumgardhen Schriftraum Diaspora: Die moderne Ästhetik der ewigen Wanderschaft bei Stefan Zweig
Alfred Prédhumeau Fred Wander et la censure
Agathe de Margerie Négocier l’épuration et la réintégration des fonctionnaires en Autriche : des échelles de gouvernement en concurrence (1947-1949)
Notices bibliographiques
Wolfgang Pöckl Christian Neuhuber, Stefanie Endler, Elisabeth Zehetner, Bairisch-österreichische Dialektliteratur vor 1800. Eine andere Literaturgeschichte
Marc Lacheny Walter Obermaier, Orpheus in der Unterwelt. Text und Aufführung unter Mitwirkung Johann Nestroys
Marc Lacheny Gilbert Carr, Demolierung – Gründung – Ursprung. Zu Karl Kraus’ frühen Schriften und zur frühen Fackel
Christine Mondon Tomislav Zelić, Zaneta Sambunjak, Paul Michael Lützeler, Hermann Broch im Kontext der Donaumonarchie
Publications récentes sur l’Autriche
Jacques Lajarrige Publications récentes sur l’Autriche
Jean-Numa Ducange et Jean Vigreux (ed.), MAURICE THOREZ, Journal 1952-1964, Fayard, 788 p., 2020
Maurice Thorez fut le principal dirigeant du Parti communiste français alors que celui-ci occupait une place centrale dans l’échiquier politique. Tombé malade en 1950, il est soigné en URSS et revient en France en 1953. Au cours de cette période, afin de rééduquer son bras droit un temps paralysé, il tient un journal quotidien qu’il poursuit jusqu’à sa mort.
Le secrétaire général y évoque autant les rapports de forces internationaux que ses relations personnelles et familiales, le quotidien du petit peuple comme les soubresauts de la vie politique, notamment les débuts de la Ve République et la guerre d’Algérie. Il rend compte de ses nombreuses lectures, apprend le latin, entretient sa maîtrise du russe. Dans ce document de premier ordre pour comprendre la France des années 1950-1960, on croise aussi bien Aragon, Éluard, Mauriac que Khrouchtchev, le général de Gaulle ou Pierre Mendès France.
Entre fidélité au grand frère soviétique et passion pour la culture et la langue française, ce journal, édité pour la première fois, éclaire une page essentielle de l’histoire politique tout en offrant un regard singulier sur les évolutions de la société française.
Patrice Hamon, Corpus des inscriptions de Thasos III. Documents publics du quatrième siècle et de l’époque hellénistique, Ecole française d’Athènes, 2019
Présentation
Les fouilles menées dans l’île de Thasos ont mis au jour près de mille cinq cents inscriptions, de toutes époques et de nature fort diverse, qui éclairent les institutions politiques, la défense, les cultes, la société et l’économie de la cité antique – l’une des mieux connues de la mer Égée. Soixante-cinq ans après les Recherches sur l’histoire et les cultes de Thasos de J. Pouilloux, le présent volume inaugure un nouveau Corpus des inscriptions de Thasos, ordonné chronologiquement et thématiquement. Ce fascicule (CITh III) réunit les inscriptions à caractère public datées entre ca 400 et 30 av. J.-C. À l’orée du IVe siècle, la cité sort d’une longue période de guerres civiles et se reconstruit, mais perd bientôt la plupart des possessions continentales qui avaient fait autrefois sa fortune. Thasos n’est désormais qu’une polis d’importance moyenne, quoique prospère, à l’échelle du monde égéen dominé par Athènes, puis par le royaume de Macédoine et enfin par les Romains. Sont ici édités ou réédités et commentés cent vingt-sept documents, gravés dans l’agora et dans les sanctuaires urbains. On trouve parmi eux des décrets réglementaires ou honorifiques, des ventes de citoyenneté, des contrats de location de domaines sacrés, des dédicaces de collèges de magistrats ou de soldats, des décrets d’associations, des décrets de cités étrangères honorant des Thasiens, etc. Prises dans leur ensemble, ces inscriptions témoignent de la vitalité de la communauté civique et de la multiplicité de ses échanges avec le monde grec, ainsi que de l’engagement politique des familles les plus en vue, souvent d’ascendance ancienne. Le volume comprend une mise au point sur la chronologie locale, une étude de la paléographie et un catalogue raisonné des quelque mille individus mentionnés dans ces documents.
Jean-Numa Ducange, Jules Guesde. The Birth of Socialism and Marxism in France, Palgrave Macmillan, 213 p., 2020
What explains France’s unique Left? Many works have reflected upon the importance of Marxism in France, yet few studies have been devoted to the man who did most to introduce Marxism into its political culture: the today near-forgotten figure of Jules Guesde. It was with Guesde that Karl Marx drafted the world’s first Marxist program, and Guesde who aroused the enthusiasm of countless worker-militants who saw him as their most important leader. Jules Guesde represents the first book-length study of the French socialist leader translated into the English language. For the radical Left today, Guesde is often considered a dogmatist who supported the Union sacrée during World War I and rejected the Bolshevik revolution; for the governmental Left, he embodies an intransigent ideologue who held back the modernization of the French Left. Throughout Jules Guesde, Jean-Numa Ducange argues that it is impossible to study the history of the French socialist movement without a close look at this singular figure and offers a fuller picture of the deep transformations of the Left and Marxism in France from the late 19th century up to the present.
This scholarly biography of Jules Guesde seeks to put Guesde’s record on a properly historical footing, closely analysing both archival sources and accounts by his contemporaries. Chapter One begins with his early life and the mark left on him by the Paris Commune and exile. Chapter Two emphasises Guesde’s importance as leader of a distinct current of French socialism, recognised by figures like Karl Marx and Friedrich Engels. Chapter Three sees Guesde become an MP for working-class Roubaix, exploring the contradictions between his revolutionary rhetoric and concrete political practice. Chapter Four turns to the years following his electoral defeat in 1898 and his renewed intransigence in the period of the Dreyfus affair and rivalry with Jaurès. Chapter Five explores his key role in the formation of a united Socialist Party. Chapter Six examines the test of World War I and Guesde’s anguish at the divisions of French socialism. The book then concludes with an examination of Guesde’s contested legacy, as both a “founding father” and figure subject to often pejorative framings.
Table of contents
The Apostle of the Fourth Estate (1845–1880)
‘The Genius for Simplification’: Guesde, Founder of France’s First Socialist Party (1880–1893)
‘The Icy Frisson of the Irreconcilable’: Guesde in Parliament (1893–1898)
‘Finally, We Have Cut Ties’: The Intransigent (1898–1905)
‘I Have Remained an Insurgent’: Guesde in the United Party (1905–1914)
‘Without Him, It’s No Longer the Same Thing’: Guesde the Minister and Guardian of Unity (1914–1922)
Rémi Dalisson, Les soldats de 1940. Une génération sacrifiée, CNRS Editions, 21 mai 2020
Présentation
Il est des répliques ou des héros cinématographiques qui gravent dans le marbre des représentations collectives. Celle des cinq millions de soldats de la « Drôle de guerre », mobilisés en 1939 et vaincus en 1940, fait incontestablement partie de cette catégorie. Ils sont résumés par des personnages caricaturaux passés à la postérité comme Fernandel dans La vache et le prisonnier ou, vingt ans plus tard, par des films comme la Septième compagnie et ses répliques telles « Ah, elle est belle l’armée française ! ». Et à la veille du 80e anniversaire de « l’étrange défaite » (Marc Bloch), les choses n’ont guère changé pour ces hommes prétendument défaits sans combattre malgré leur héroïsme à Dunkerque ou sur la ligne Maginot, captifs manipulés par Vichy et oubliés dans les Stalags ou Oflags. Marginalisés sur les monuments aux morts, ils n’ont toujours pas cérémonie commémorative, contrairement aux Résistants vainqueurs qui les ont remplacés dans le récit national.
En étudiant le destin d’une centaine de ces anonymes ou célébrités et en utilisant les travaux les plus récents, Rémi Dalisson tente de comprendre la fabrique de ce dénigrement commencé dès 1939, aggravé pendant la débâcle et généralisé après-guerre. Les expériences et retours de ces soldats oubliés deviennent un traumatisme qui n’est toujours pas guéri au soir de leur vie. Car la République et la société ont préféré les ignorer ou les moquer, malgré leur nombre et leur rôle dans la reconstruction du pays. Tous les moyens étatiques comme l’école, les décorations, les monuments ou les noms de rues, mais aussi la chanson, le cinéma ou télévision les ont longtemps marginalisés avant que leur lente disparition ne pousse le pays, quelques historiens des Mémorial Studies et les nouveaux médias à mieux les étudier pour les comprendre, sans cependant les honorer officiellement.
Mais à l’heure du réveil des pulsions nationalistes en Europe et de la confusion entre histoire et mémoire, il est grand temps de tirer les leçons du destin d’une génération méconnue, « tombée pour la France » comme celle de la Grande Guerre, mais qui attend encore sa juste reconnaissance.
Ludivine Bantigny, « La plus belle avenue du monde » Une histoire sociale et politique des Champs-Élysées, La Découverte, 288p., mars 2020
Présentation
« Voie royale » ou « voie de gloire », les Champs-Élysées sont l’objet de fantasmes qui les dépeignent depuis des siècles en avenue du luxe mondial, du plaisir et du pouvoir. En réalité, c’est un espace contesté, traversé par une forte conflictualité politique et sociale. La « prise » des Champs par les Gilets jaunes, de samedi en samedi, l’a plus que jamais révélé.
Face aux superlatifs et à la cohorte de noms prestigieux qui dessinent une véritable mythologie, ce livre invite à déplacer le regard et à en explorer les coulisses, à contrechamp : la pauvreté et la précarité au cœur de l’opulence, le travail invisible, jusque dans l’intimité des palaces, les arrière-salles et les scandales du Fouquet’s, jusqu’à son pillage.
Recherche inédite à l’appui, fondée sur des archives foisonnantes et de nombreux entretiens, il plonge dans l’ambiguïté et la tension singulière des Champs-Élysées : avenue aristocratique et populaire, luxueuse et déviante, ostentatoire dans ses habits d’apparat, mais mise à nu parfois dans les moments de révolte et d’insurrection.
Les Champs sont un concentré de richesses, de démesure et d’inégalités. Mais aussi un lieu intensément politique, comme une métaphore du monde tel qu’il est et tel qu’il est disputé, attaqué, refusé. « La plus belle avenue du monde » serait-elle aussi la plus rebelle ?