Archives

Axe 6 – Humanités numériques

Responsables: Boris Bove, François Delisle, Joann Élart

Cet axe inauguré en 2022 se propose de promouvoir et coordonner les projets en humanités numériques des enseignants-chercheurs du GRHis. Les humanités numériques sont présentes au GRHIS depuis les travaux fondateurs d’Elisabeth Lalou et Alexis Grélois concernant l’édition des textes médiévaux normands tels que les projets ENORME (comprenant la constitution d’une base de données sur le tabellionage) de 2008 à 2012 et DocExplore (feuilleteur numérique de manuscrits) de 2011 à 2014 ; la contribution de Jean-Claude Vimont à travers l’ANR SCIENCEPEINE à la plateforme sur l’histoire de la justice, Criminocorpus (son Musée d’histoire de la justice, des crimes et des peines et sa revue hypermédia) ; la base de données Dezède cofondée en 2012 par Joann Élart est une ressource numérique opensource inscrite dans le domaine du spectacle vivant (chronologie événementielle et archivage des spectacles), un outil de recherche, de formation et de valorisation hébergé sur les serveurs de l’infrastructure de recherche Huma-Num IR* [consulter le carnet de recherche] ; les archives du Centre Iannis Xenakis, numérisées en 2011, dont les métadonnées ont été pensées dès l’origine par Cyrille Delhaye pour être moissonnées.

Cette exploration des possibilités offertes par les outils numériques s’est intensifiée lors du dernier quadriennal, avec la participation d’Alexis Grélois à l’ANR CHARCIS (édition des chartes cisterciennes) de 2013 à 2016 et au programme HAR Lemacist II « Libros, memoria y archivos : cultura escrita en monasterios cistercienses (siglos XII-XIII) » (2018-2021), Programa estatal de fomento de la investigación cientifica y técnica de excelencia, cofinancé par le ministère espagnol de l’Innovation et par le FEDER, qui porte aussi sur l’édition de chartes cisterciennes espagnoles ; il a participé également  avec Elisabeth Lalou au projet RIN NORECRIT (2018-2020). Toujours dans le domaine de l’édition des textes, le projet EUROSOC (2016-2018), porté par Jean-Numa Ducange, visait notamment à mettre à disposition sous forme numérique des documents et archives rares voire inédits sur l’histoire des socialismes et à constituer un outil bibliographique multilingue. [Consulter le carnet de recherche]. Enfin, dans le cadre du projet RIN CORNUM (2019-2021), Joann Élart a co-porté le projet SPECTANUM, développant d’un côté une bibliothèque numérique regroupant les ouvrages imprimés et manuscrits sur l’histoire des spectacles en province, dans le cadre du projet RIN COR.NUM (2019-2021) de l’IRIHS., et reconstituant de l’autre les programmes de spectacle des deux orchestres normands depuis leur création en 1982 (Orchestre régional de Normandie) et 1998 (Orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie).

A côté de ces activités de diffusion et valorisation, plusieurs projets ont nécessité de nouvelles compétences et savoir-faire en production et traitement de données : l’exploitation des données Lidar pour un chantier de fouilles à Allemagne-en-Provence, a pu bénéficier au RIN ATP co-porté par Mariacristina Varano pour explorer les différents types de données 3D (lasergrammétrie, photogrammétrie, modélisation) et acquérir des scènes en trois dimensions. Ce projet a par ailleurs été l’occasion de s’aventurer du côté des modèles multi-agentagents (en lien avec le LITIS et l’UMR Idées) afin de comprendre les logiques de diffusion d’archéomatériaux (pierre de taille et céramique) en Haute-Normandie aux époques antiques et médiévales.

Le projet GAWS piloté par Anna Bellavitis entre 2015 et 2017 a aussi été riche d’enseignements, avec notamment une réflexion menée sur l’ontologie et le web sémantique. Sa base de données de 55 000 contrats d’apprentissage a été créée à partir des registres de la magistrature vénitienne de la Giustizia Vecchia grâce à un outil informatique d’annotation élaboré par le DhLAb de l’EPFL. Ce travail complexe a permis de prendre conscience de l’importance d’un modèle de données en adéquation avec les objectifs de la recherche. La base ainsi constituée a pu faire l’objet de traitements statistiques au GRHis et les résultats ont été présentés lors du colloque de conclusion. [Consulter le carnet de recherche].

D’un point de vue thématique, ce travail est actuellement complété par la constitution d’un outil d’exploration des registres de corporations vénitiennes qui ont été numérisées dans le cadre du projet MAR.VEN porté par Anna Bellavitis entre 2019 et 2021. Actuellement sous la forme d’une base de données relationnelle, l’outil de consultation a vocation à devenir un outil interrogeable en ligne, nouvelle étape consistant à exploiter les possibilités offertes par le XML grâce à l’expertise apportée par les ingénieurs de l’IRHIS. Ce projet devrait être poursuivi dans le prochain quinquennal, en collaboration avec le Centre de recherche RI.VE. (Rinascimenti Veneziani) et le Center in Digital Humanities de l’Université de Venise Ca’ Foscari. [Consulter le carnet de recherche].

Parmi les projets récents, soulignons le projet “ABRICO 2” retenu en 2020 dans le cadre de l’appel “CollEx Persée”, projet initié par la MSH de Dijon présidé par Jean Vigreux et auquel le GRHis a été associé. Il s’agit d’un vaste projet de numérisation des sources de l’histoire sociale et politique de l’histoire du communisme. Dans ce cadre, Jean-Numa Ducange aura en charge le suivi de plusieurs thématiques, notamment la numérisation de périodiques rares et dispersés en rapport avec l’histoire du marxisme.

Hébergé par l’École française d’Athènes, le projet FRANKIKA porté notamment par trois membres du GRHis, Gilles Grivaud, Philippe Trelat et Ludivine Voisin, propose une ressource en ligne visant à offrir aux étudiants et aux chercheurs travaillant sur la Grèce franque et latine des outils de recherche numériques donnant accès aux textes fondamentaux à la connaissance de la période, aux ressources archéologiques et bibliographiques associées aux monuments de l’époque par le biais d’un SIG spécifique.

Dans le cadre du RIN 2022-2024, Frédéric Cousinié et deux chercheuses postdoctoraux, Émile Chedeville et Moana Weil-Curiel, étudient, à partir de cas exceptionnellement conservés dans les départements de l’Eure et de la Seine-Maritime le patrimoine mobilier religieux relativement méconnu à travers le projet ESNB, Espaces du Spirituel en Normandie Baroque. [Consulter le carnet de recherche].

Les musicologues du laboratoire sont également impliqués dans le développement des humanités numériques en sciences humaines et sociales. D’un côté, le projet Dezède est un des partenaires privilégiés du consortium Huma-Num Musica2 (2022-2025), copiloté par Joann Élart qui en dirige également le troisième groupe de travail consacré aux bases de données ; de l’autre, la MEI (Music Encoding Initiative), premier groupe de travail animé par Kévin Roger (CESR de Tours), se développe à Rouen avec Nicolas Moron. [Consulter le carnet de recherche de Musica2].

L’axe 6 s’enrichit par ailleurs des expériences menées dans des universités extérieures par plusieurs enseignants-chercheurs aujourd’hui en poste à Rouen. C’est le cas du projet Mazarinades porté par Stéphane Haffemayer et soutenu par le GRIM, qui a débouché sur deux productions numériques importantes, La Gazette de Renaudot et Mazarinades. C’est le cas également de plusieurs chantiers réalisés par Boris Bove, comme la constitution d’un corpus de 200 demeures aristocratiques à Paris au XIVe siècle (ANR-ALPAG, 2006-2010), celle de 34 600 lieux / dates sur les itinéraires des rois de 1180 à 1514 (projet « Bassin parisien » d’ArScAn – UMR 7041, avec Laurent Costa, 2014-2016), celle en cours d’un corpus des 36 maisons canoniales du cloître Notre-Dame aux XIVe-XVe siècle (ANR-E-NDP) ou encore de l’édition en ligne du Livre vert de l’abbaye de Saint-Denis de 1418 (LL 1209-1210), en cours de traitement TEI pour une publication à la suite du Cartulaire blanc.

 

Enfin, les Systèmes d’Information Géographiques sont au cœur des réflexions au GRHis grâce à l’implication de François Delisle, ingénieur d’études formé sur ces technologies. Il intervient en support des recherches individuelles des membres du laboratoire, et a accompagné la production de plusieurs centaines de jeux de données spatialisés.

Objectifs

Devant la diversité des pratiques accumulées depuis la fin des années 2000, la création de cet axe transversal a pour objectif de concrétiser ces expériences en suivant ces pistes principales :

  • Appliquer les principes d’archivage et d’indexation à l’ensemble des données produites, qu’elles le soient dans le cadre de projets ou de recherches individuelles. A cette fin, il est envisagé de créer un entrepôt numérique respectant le protocole OAI-PMH (tirant en cela profit du savoir acquis dans le cadre de MAR.VEN et du CIX) permettant de pérenniser les données “grises” du laboratoire sur le long terme  ;
  • Produire des jeux de données génériques qui puissent profiter au plus grand nombre, notamment en proposant aux étudiants de master des stages encadrés au sein du laboratoire, ayant une dimension numérique.
  • Encourager l’utilisation des outils numériques par la mise en place d’ateliers à destination des enseignants-chercheurs, doctorants et étudiants ;
  • Accompagner les masteurants, les doctorants et les docteurs dans leurs prattiques dans les humanités numériques ;
  • Animer l’axe par des journées fédératrices (journée annuelle) et des journées thématiques ;
  • Se rapprocher des recommandations d’Huma-Num et de la FAIRisation des données ;
  • Développer en 2024-2025 une revue en ligne dans la pépinière Publis SHS à l’université de Rouen Normandie. Elle comportera une partie thématique trans-période portée par un axe et une partie « Bulletin » du GRHis (positions de thèse, résumés d’interventions dans les séminaires, de masters, vie du laboratoire, publications des membres du GRHis).

Sur la base de ces expériences, et grâce à la présence pérenne au GRHis d’un IE, d’autres projets seront développés dans les années à venir, en lien notamment avec le nouvel axe Humanités numériques de l’IRIHS.

Membres titulaires

Boris Bove, François Delisle, Joann Élart (coordinateurs). – Anna Bellavitis, Frédéric Cousinié, Jean-Numa Ducange, Alexis Grélois, Stéphane Haffemayer, Nicolas Moron, Lydwine Scordia

Membres associés

Émilie Chedeville, Cyrille Delhaye, Emilie Fiorucci, Gilles Grivaud, Élisabeth Lalou, Lise Levieux, Ludivine Voisin, Philippe Trelat

 

Rencontres

Journée #1  (état des lieux et structuration) : H comme Histoire, H comme Humanités numériques : dix ans de développement au GRHis, 24 avril 2022

Journée #2 (à la découverte de la TEI et de la MEI) : T comme texte, M comme musique, E comme encodage. Les initiatives numériques de l’édition critique, 5 mai 2023

Journée #3 (projets, formation, revues, carnets, numérisation) : A comme Actions, E comme Etat, N comme Numérique : journée annuelle de l’axe 6 du GRHis, 30 juin 2023