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Date(s) - 15/12/2017
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APPEL A COMMUNICATION
Colloque Hôpital, ville et citoyenneté : expériences d’hier et d’aujourd’hui
(Hospices civils de Lyon, jeudi 11, vendredi 12 et samedi 13 octobre 2018)
Souvent premiers employeurs des villes où ils sont installés, objets de débats politiques et de mobilisations citoyennes, en particulier au moment des regroupements, fusions et désaffectations d’établissements, les hôpitaux sont au centre de la vie économique, sociale et politique des cités. L’objet de ce colloque est de mettre en évidence l’ancienneté de l’emprise urbaine des hôpitaux dans la ville, mais aussi du lien entre ces espaces de soin et d’assistance et les sociétés urbaines.
Aussi, le LARHRA (Laboratoire de Recherche Historique Rhône-Alpes) et la Société française d’histoire des hôpitaux (SFHH) ont décidé, en liaison avec les Hospices civils de Lyon, avec l’aide d’autres structures de recherche dont le GRHIS[1], d’organiser à l’automne 2018, une rencontre scientifique internationale consacrée au thème « Hôpital, ville et citoyenneté : expériences d’hier et d’aujourd’hui ».
Ce colloque réunissant historiens, politistes, sociologues, anthropologues, économistes et urbanistes s’articule autour d’une double problématique. Le premier volet vise à relier les problématiques du passé à celles d’aujourd’hui en mettant en relief des questions qui montrent les interactions entre l’institution hospitalière et la société englobante. Le second invite à dépasser les deux manières classiques d’aborder l’histoire de l’hôpital – centrée sur les évolutions internes et la question de la médicalisation – ou pensée comme observatoire du monde social. On voudrait plutôt, lors de ce colloque, susciter des communications qui montreraient comment la ville, ses autorités, ses habitants influencent le fonctionnement de l’hôpital et comment le monde hospitalier, ses espaces et ses acteurs, contribue à façonner le paysage de la ville et le fonctionnement des sociétés urbaines.
A partir de cette perspective générale, il est possible de proposer plusieurs thématiques dont la liste n’a rien d’exclusif.
- L’emprise spatiale des hôpitaux. Les hôpitaux par leur taille et leur architecture sont non seulement des éléments marquants du paysage urbain mais par le biais de leurs propriétés immobilières et foncières, les établissements hospitaliers jouent un rôle dans la question du logement des populations urbaines et peuvent même être des acteurs de l’aménagement urbain. Si la question a été partiellement traitée, on pourra se demander si le statut charitable des établissements en fait des propriétaires spécifiques et s’ils ont nourri une vision du développement urbain.
- Les hôpitaux comme bassin d’emploi. Le même type de questions peut être posé à propos des hôpitaux comme acteurs économiques. Ont-ils, ont-ils eu une politique spécifique de l’emploi et manifesté face à leur personnel des attitudes particulières. On pense non seulement aux religieuses dont le cas est assez bien connu mais surtout au personnel laïc non qualifié des périodes anciennes, bien peu exploré, et aux relations de travail dans l’hôpital contemporain.
- Patrimoine hospitalier et citoyenneté. L’approche patrimoniale peut en effet être utilisée et valorisée comme ressource citoyenne et servir à la création « d’espaces de controverses » (G. Herreros) entre professionnels de la santé, de la culture, de la recherche et citoyens et usagers. Cela contribue ainsi à la construction de l’hôpital, non seulement comme producteur de soins mais plus largement comme espace public.
- L’hôpital comme laboratoire politique. L’hôpital est aussi une institution fondamentalement politique au sens le plus large. Non seulement les dirigeants hospitaliers sont membres des élites urbaines municipales même si les hôpitaux entretiennent des relations complexes avec les municipalités. Plus encore, les hôpitaux (au sens le plus large) sont longtemps un dispositif central de plusieurs modes de régulation sociale (Charité -plus ou moins répressive-, la bienfaisance (rôle des donateurs), l’assistance publique, l’assurance). Souvent réservés aux natifs et aux résidents, les hôpitaux posent depuis longtemps la question de l’accueil des forains et des étrangers mais aussi, à certaines périodes, de ceux qui sont trop « riches » pour rentrer à l’hôpital mais pas assez pour financer le maintien de leur santé.
- L’hôpital est aussi un lieu de négociation politique et sociale. L’usage que les populations urbaines font de l’hôpital est un terrain encore bien peu exploré à propos duquel nombre « d’évidences » méritent d’être sérieusement discutées. La thèse de la peur et du refus de la peur de l’hôpital, omniprésente dans la littérature, a déjà été contestée. Des études de terrain, des comparaisons entre populations hospitalisées et urbaines seraient les bienvenues. Une fois entrés, les pensionnaires des hôpitaux (les vieillards surtout) ne sont pas aussi isolés de leur famille, (dont la présence et le rôle doivent être intégrés dans l’histoire hospitalière) et sans doute moins résignés et plus revendicatifs de droits et l’hospice peut même paradoxalement devenir un lieu de socialisation politique. A tort ou à raison, des malades et leurs familles protestent à la fin du XIXe siècle contre les mauvais traitements et les menaces de dissection en cas de décès. Il serait bon d’explorer comment les notions de dignité puis de citoyenneté ne sont pas absentes du monde hospitalier, même bien avant la loi de 2002. Peut-être les mobilisations contemporaines pour garder son hôpital ou sa maternité sont-elles un lointain écho des réclamations anciennes pour se faire recevoir.
- L’hôpital, une interface entre populations vulnérables et propositions de care. Dans ce cadre, l’hôpital est un élément du dispositif « sanitaire et social ». Si le terme paraît très contemporain, la réalité ne l’est peut-être pas. Si les relations avec le monde médical privé (conditions d’emploi des médecins) et les pharmaciens (les hôpitaux possèdent des pharmacies) sont assez bien connues, les interactions avec, selon les époques, les bureaux de charité, de bienfaisance, les dispensaires et pour la période plus contemporaine les cliniques mutualistes ou commerciales méritent d’être éclaircies.
Modalités pratiques
- Langue de travail : français de préférence
- Cadre chronologique Moyen-Age/ années 2000.
- Cadre géographique. Si la problématique privilégie le cadre occidental dans un sens large, les interventions sur le monde colonial sont également bienvenues.
Si la dimension diachronique est nettement affirmée, ce qui donne une importance particulière à l’approche historique, les interventions d’autres spécialistes de sciences sociales (sociologues, politistes, économistes de la santé en particulier) sont également souhaitées.
Les projets de communication (titre avec présentation d’une page maximum comportant un court CV de 4 à 5 lignes) doivent être envoyés avant le 15 décembre 2017 à l’adresse suivante : colloquelyon2018[@]gmail.com et en copie à olivier.faure[@]univ-lyon3.fr ainsi qu’à yannick.marec[@]univ-rouen.fr
Une réponse du conseil scientifique et du comité d’organisation du colloque sera donnée avant la fin du premier trimestre de 2018.
[1] GRHIS. Groupe de recherche d’Histoire de l’université de Rouen qui a organisé en octobre 2015, en liaison avec la SFHH, un colloque international portant sur « Hôpitaux, médecine et guerres du XVIIIe siècle à nos jours ». Les Actes de cette première rencontre associant laboratoires de recherche universitaire et SFHH, paraîtront courant 2018 aux Presses universitaires de Rouen et du Havre sous l’intitulé Hôpitaux médecine et soins durant la Grande Guerre. De la création du service de santé militaire aux conflits contemporains.