Date / Heure
Date(s) - 26/03/2025
15:30 - 17:30
Emplacement
Université de Rouen - Institut de Recherche Interdisciplinaire Homme et Société (IRIHS)
Catégories
GRHis (Univ. Rouen-Normandie) et Triangle (ENS Lyon)
Séminaire organisé par Stéphanie Roza (Triangle – ENS Lyon),
Jean-Numa Ducange (GRHis – Université de Rouen-Normandie),
Elisa Marcobelli (GRHis – Université de Rouen-Normandie).
Présentation
Les traditions socialiste et libérale trouvent toutes les deux leur source dans la Révolution française. En effet, pendant cette période, les idéaux rationalistes, universalistes et progressistes issus des Lumières sont transformés en autant de programmes politiques plus ou moins radicaux : parmi d’autres textes, les trois Déclarations successives des droits de l’homme (1789, 1793, 1795) attestent de la volonté de graver dans le marbre les prérogatives inaliénables de l’individu, mais également des désaccords et des débats qui perdurent quant au contenu concret qu’il convient de donner à ces prérogatives. La question du droit de propriété, notamment, de sa légitimité (ou non) et de ses limites nécessaires (ou pas), définit une ligne de partage des eaux entre héritiers libéraux des Lumières, qui veulent garantir ce droit, et héritiers socialistes, qui cherchent à le limiter voire à l’abolir.
On ne peut que constater toutefois qu’indépendamment de leurs désaccords, les courants libéraux et socialistes ont été tous deux portés sur les fonts baptismaux par un événement dont la violence a durablement marqué les esprits. Du lynchage de l’intendant de la Bastille et de son gendre par la foule le 14 juillet 1789 aux exécutions politiques du Roi, de Marie-Antoinette mais également de Danton et d’Hébert sous la terreur, en passant par la guerre civile en Vendée et la guerre de la France insurgée contre la coalition des monarchies européennes, la Révolution aura accouché d’une société nouvelle dans la douleur et le sang. Bien sûr, parmi les premiers représentants du courant libéral, beaucoup, comme Mme de Staël ou Benjamin Constant, ont condamné la terreur, dans laquelle ils voyaient un emballement mortifère de la logique révolutionnaire ; de leur côté, les premiers socialistes au XIXe siècle comme Charles Fourier ou Etienne Cabet ont rejeté, plus généralement, la violence comme moyen de transformation sociale. Mais ces prises de distance rétrospectives ne peuvent faire oublier les mots célèbres d’Antoine Barnave, partisan de la monarchie constitutionnelle et du droit de propriété, interrogé sur le double meurtre du 14 juillet 1789 : « Ce sang était-il donc si pur ? », ni les intentions insurrectionnelles des babouvistes, prêts à prendre le pouvoir par la force avant d’être arrêtés au printemps 1796. Sur le moment, les ancêtres des deux courants ont bien adopté et justifié, d’une manière ou d’une autre, des moyens brutaux qu’ils voyaient comme seuls capables de mettre fin aux abus de l’Ancien Régime et aux injustices de toute nature.
Le présent séminaire, dont les rencontres de 2025 constituent le premier volet, a pour but d’interroger le rapport des libéraux et des socialistes à la violence politique en général, et à la violence révolutionnaire en particulier, en commençant la réflexion un siècle après 1789, au moment où la IIe internationale socialiste est fondée, symboliquement, à Paris le 14 juillet. Dans une période qui va de la Belle Époque à la chute du Mur de Berlin en passant par la victoire des fascismes en Europe et la stalinisation de l’Union soviétique dans les années 30, nous chercherons à étudier :
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les justifications de la violence par certains socialistes et libéraux, en nous demandant : dans quels contextes, avec quels arguments cette justification se déploie-t-elle ? La violence est-elle seulement présentée comme un moyen nécessaire quoique regrettable, ou bien est-elle parée de vertus rédemptrices ?
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les critiques socialistes et libérales de la violence : qui sont les représentants des deux courants qui s’opposent à son recours, comment et pourquoi ?
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les délimitations des conditions d’exercice légitime de la violence politique par celles et ceux qui la justifient : quels usages légitimes et quelles limites ?
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les tabous historiographiques : pourquoi certains usages et justifications de la violence sont passés sous silence dans certaines historiographies ? Pourquoi, notamment, la violence déployée par les socialistes italiens dans le contexte de la montée en puissance du fascisme italien est-elle si peu étudiée ?
Programme
Luca Basso (Univ. de Padoue) : La tradition socialiste et marxienne face à la violence politique.
Discutante : Elisa Marcobelli (Univ. de Rouen)
(partenariat séminaire « Les marxismes dans l’histoire », IMEC/Rouen et séminaire de l’Axe 4, Université de Rouen)
Université de Rouen, Grande salle de l’IRIHS