GRHIS : Axe 4 : Révolutions, XVIIe-XXIe siècles
Projet pour les années 2025 et 2026
L’axe « Révolutions » est l’héritier d’une tradition d’étude historique du mouvement révolutionnaire, autour de la Révolution française, née à Rouen avec la création de l’Université. Ce courant d’études n’a cessé de se renouveler, s’ouvrant sur de nouvelles problématiques et s’élargissant progressivement dans son extension chronologique et spatiale. Un tel axe de recherche, spécialement dévolu à l’histoire des révolutions, représente une exception dans le paysage académique français, et même international.
Des partenariats ont été noués, par exemple avec l’Imec (séminaire depuis 2023 sur « Les marxismes dans l’histoire ») ou encore avec la Fondation Jean-Jaurès. Plusieurs projets internationaux ont été portés donc Eurosoc, qui existe depuis 2016.
Les chercheurs réunis autour de l’axe « Révolutions » (Axe 4) entendent interroger dans la longue durée l’histoire des processus révolutionnaires, les conditions de possibilité qui ont permis leur émergence, les transformations politiques, sociales, culturelles et religieuses qui en découlent. Le cadre chronologique n’est plus celui de la Révolution française et des révolutions du XIXe siècle, mais s’étend des révoltes et des révolutions des années 1640 en Europe (autour notamment de la première Révolution anglaise et de la Fronde), au Risorgimento italien jusqu’aux mouvements révolutionnaires du XXe siècle. L’heure est aussi à l’extension géographique de ses investigations, puisque, outre les systèmes politiques et les sociétés européennes (en particulier la France, l’Italie, l’Allemagne, l’Autriche et la Grande-Bretagne, il s’ouvre aussi à des perspectives non seulement transnationales mais aussi globales, en s’intéressant aux questions coloniales, à la transformation des empires et à l’acclimatation d’idéologies et de mouvements révolutionnaires hors d’Europe. L’histoire des « Suds » européens y est aussi bien représentée (Portugal, Italie, Grèce). En adjoignant l’étude des révoltes à celle des révolutions, il entend étudier la genèse des transformations révolutionnaires, sans écarter les « futurs non advenus » dont ont pu être porteuses les contestations collectives, des plus modestes aux plus massives.
Dans la dernière partie du contrat quinquennal 2021-2026, différentes grandes thématiques et projets rassemblent les membres de l’axe :
L’histoire des idéologies, des mouvements et des pratiques politiques liées aux révolutions : Ces recherches portent en particulier sur les Révolutions anglaises, la Révolution française, l’histoire des socialismes du XIXe siècle à nos jours. Nombre de chercheurs sont engagés dans une perspective transnationale et croisée, attentive aux circulations et aux transferts. L’histoire des « moments » révolutionnaires en Ecosse, de 1560 à 1689 est aussi examinée à nouveaux frais, en étudiant la circulation des idées, des cultures et des pratiques contestataires en Ecosse, alimentée aussi par les migrations des Ecossais, Néerlandais et Huguenots français (Lucien Grillet). L’histoire des socialismes depuis le XIXe siècle, un des chantiers structurants de l’Axe, avec le réseau Eurosoc (Jean-Numa Ducange, Elisa Marcobelli, Pierre-Henri Lagedamon). Lucas Tsiptios travaille ainsi à une histoire transnationale du républicanisme grec du début du XXe siècle, et la formation de l’Etat grec post-impérial. Julien Chuzeville prépare une histoire des socialistes « pivertiens » dans la Résistance à travers le réseau « L’Insurgé ». Deux projets éditoriaux sont portés par Jean-Yves Frétigné : le premier sur Antonio Gramsci et le second sur la nation italienne, qui interrogent le rapport entre le Risorgimento et la Révolution française aini que les relations entre Gramsci et la notion de révolution.
- L’histoire sociale et culturelle des révoltes et des révolutions :
Comment le public, des groupes dirigeants aux hommes et aux femmes ordinaires, s’approprient les questions politiques, le récit des événements politiques ? Différents médias font l’objet de travaux et de projets. Outre l’écrit sous ses différentes formes, manuscrites et imprimées, les gazettes, les pamphlets (avec un chantier pluridisciplinaire sur les Mazarinades), une attention particulière est portée à l’image, à ses modes de production, de fonctionnement et de réception. Le langage iconographique et ses reconfigurations fait l’objet d’études dans les périodes des plus intenses luttes politiques, du XVIIe siècle jusqu’à la période 1789-1815. Ces travaux portent sur des événements particuliers (l’année 1790, le Congrès de Vienne), ou un genre artistique et éditorial, la caricature politique, qui fait l’objet d’une histoire croisée entre France et Grande-Bretagne pendant la décennie 1780. Fécondité d’une approche de longue durée, avec la republication de mazarinades au moment de la Régence de Philippe d’Orléans (1715-1723), interrogé comme celui d’une possible révolution politique. (Stéphane Haffemayer, Pascal Dupuy, Laurent Lemarchand).
- La violence politique, violence et révolutions :
Les socialistes et la violence dans les années 1910-1920 : une enquête en Allemagne, Italie et en France, sur les rapports entre les socialistes et la violence, dont le point de départ est la première année de la République de Weimar (1919), et la lutte entre les spartakistes et le SPD. Les violences politiques vues par les socialistes et leurs justifications de la violence. Ce chantier s’articule à un séminaire de recherche, « Libéraux et socialistes face à la violence, XIXe-XXe siècles », avec le laboratoire Triangle, ENS Lyon (Elisa Marcobelli). Vincent Denis, à partir de ses travaux sur la police, en particulier sur le 18e siècle et au cours de ses transformations pendant la Révolution française, travaille sur la police des foules et l’histoire du « maintien de l’ordre » en France et dans son espace colonial, du XVIIIe siècle à nos jours. Il s’agit d’étudier la genèse de ces pratiques et leurs reconfigurations successives, en articulant l’histoire des polices, l’histoire politique et celle des mouvements sociaux. L’objectif est d’éclairer, par l’étude de la trajectoire historique de la France en la matière, la constitution d’un espace public de la contestation politique et sociale. Le chantier de la loi martiale pendant la Révolution française va faire l’objet d’une enquête, en se penchant sur ses modalités concrètes d’application. Ces interrogations croisent celles de Yannick Bosc sur les justifications de la répression du peuple souverain pendant la Révolution française : de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 à la Constitution de l’An III, le droit de résistance à l’oppression est reconnu, exalté puis congédié. Il s’agit d’étudier les interrogations et les luttes autour de la question de la gestion de la souveraineté populaire, posée constamment depuis 1789.
- L’édition de sources : par cette activité qui est une dimension classique de la recherche de notre équipe, plusieurs chercheurs du GRHIS contribuent à de grands projets internationaux de publications de sources : édition française de la correspondance de Rosa Luxemburg (Julien Chuzeville), manuscrits et œuvres de Thomas Paine (Princeton) (Yannick Bosc).
Titulaires :
- Yannick Bosc (MCF)
- Vincent Denis (PR)
- Jean-Numa Ducange (PR)
- Pascal Dupuy (MCF)
- Jean-Yves Frétigné (MCF)
- Stéphane Haffemayer (PR)
- Laurent Lemarchand (MCF)
- Pierre-Yves Lagédamon
- Elisa Marcobelli (MCF)
Associés
- Michel Biard (PR émérite)
- Julien Chuzeville
- Lucien Grillet
- Yves Léonard
Doctorants
- Mathieu Raynal
Projets collectifs
Les manifestations communes et les projets transversaux au sein de l’axe pour 2025-2026, et pour certains appelés à se poursuivre au cours du prochain contrat quinquennal :
- Projet d’une semaine de Cerisy sur les mondes ouvriers et industriels qui recoupent partiellement l’axe 4, en partenariat avec l’axe 2 ( Jean-Numa Ducange, Yves Bouvier).
- Ateliers « Réforme, Covenant, Lumières : cultures politiques et contestation en Écosse et leurs héritages, XVIe-XXe siècles » (Lucien Grillet, Stéphane Haffemayer, Pascal Dupuy).
- Après les colloques de Paris 2015, Tokyo 2016, Rouen 2020, Fribourg 2025, le GRIM (Groupe de recherches interdisciplinaires sur les Mazarinades) créé au sein du GRHis par Stéphane Haffemayer (une trentaine de chercheurs d’une dizaine de pays) organisera son prochain colloque à la Sorbonne en 2028 sur le thème suivant : « Autour des mazarinades : littérature, médias et construction mémorielle de la Fronde, du XVIIe siècle à nos jours, en Europe et dans le monde ». Il sera organisé par le GRHis, le CEREDI et le Centre Roland Mousnier et fera l’objet d’un numéro dans la Revue du GRHis.
- Projet sur la librairie clandestine à Rouen au 18e siècle (Vincent Denis), avec le CEREDI, l’Université de Liège, en collaboration avec les Archives Départementales de Seine-Maritime. Outre la préparation de vidéos sur les librairies à Rouen au 18e siècle, une journée d’étude rassemblera historiens du livre, de la police et littéraires fin 2026 ou tout début 2027.
Séminaire commun (2025-2026)
Le séminaire commun de l’axe 4 en 2025-2026 portera sur l’Etat et la Révolution (XVIIe-XXe siècle). Il s’agit de se pencher sur le rapport à l’Etat des révolutions, en historicisant la notion d’Etat, en intégrant les renouvellements d’une historiographie récente qui fait pour l’époque moderne de la présence d’Etat l’exception plutôt que la règle, en désubstantialisant aussi l’Etat, qui relève aussi de la fiction sociale. Dans ce cadre. On se proposer d’étudier comment les mouvements et les révolutionnaires ont conçu leur rapport au « souverain » et à l’Etat, les transformations de l’Etat en révolution, et comment penser « l’Etat » dans la Révolution comme objet historique.