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Hippolyte Bellangé (1800-1866), reconnaissance et oubli d’un artiste aux origines de la légende napoléonienne

Date / Heure
Date(s) - 23/03/2018
13:45 - 17:00

Emplacement
Université de Rouen - UFR de Lettres

Catégories


logo du grhisSoutenance de thèse de Mme Solène Sazio
Directeur Yannick Marec
23 mars 2018 à 13:45

> UFR de Lettres et Sciences Humaines
> Salle du Conseil

Présentation

Hippolyte Bellangé (1800-1866) connaît une longue carrière qui s’étend de la Restauration au Second Empire. Après avoir exposé ses premières œuvres au Salon de 1822, cet élève d’Antoine Jean Gros s’impose sur la scène artistique de la Monarchie de Juillet comme l’un des principaux représentants de la peinture de bataille. Bellangé s’inscrit dans un groupe d’artistes attachés au mouvement romantique et qui se déclarent ouvertement bonapartistes. Il collabore et côtoie Nicolas Toussaint Charlet, Théodore Géricault, Auguste Raffet ou encore Horace Vernet. Entre 1820 et 1870, ces artistes se font les chantres de la légende napoléonienne. Une imagerie, qu’ils diffusent à travers leurs peintures d’histoire, de genre et l’illustration de livres. Hippolyte Bellangé appartient à une génération qui s’est construite pendant l’effervescence et la gloire de l’Empire et qui au lendemain de Waterloo exprime toute sa mélancolie et sa nostalgie face à ce passé. L’artiste dépeint ce mal du siècle, qui frappe certains jeunes gens à la chute de l’Empire et que décrit Alfred de Musset dans son œuvre Confession d’un enfant du siècle.

Artiste aux multiples facettes, Hippolyte Bellangé diffuse son talent par l’intermédiaire de diverses techniques artistiques comme la peinture, l’aquarelle et la lithographie. Son œuvre prolifique et diversifiée (deux-cents cinquante tableaux, environ huit cents lithographies, ainsi que douze cent dessins et aquarelles selon Jules Adeline) et le rôle qu’il joue dans les institutions artistiques de son temps le font apparaître comme un artiste polyvalent parfaitement ancré dans son époque. La carrière de Bellangé est marquée par son activité de conservateur du musée des Beaux-arts de Rouen, un poste qu’il occupe de 1836 à 1853. L’étude de cette activité permet de saisir la genèse d’un métier alors en plein développement. De part son statut d’artiste et de conservateur Hippolyte Bellangé a été particulièrement impliqué dans la vie artistique et politique de la capitale normande, ceci permet d’appréhender les réseaux artistiques actifs dans cette région au milieu du XIXe siècle. L’étude de ce parcours pluridisciplinaire offre un champ d’étude remarquable qui nous fournit bien des clefs pour comprendre la carrière et le statut des artistes sous la Monarchie de Juillet.
L’étude de la carrière d’Hippolyte Bellangé invite également à proposer une enquête sur le statut des collectionneurs de son œuvre. En effet, grâce au travail minutieux de Jules Adeline, il est possible de connaître l’identité de l’ensemble des acquéreurs des œuvres de l’artiste, qu’ils soient collectionneurs ou marchands. Les plus illustres de ses collectionneurs furent sans aucun doute les membres de la famille Bonaparte. Une lettre d’Hippolyte Bellangé révèle les relations qu’il a pu entretenir avec les proches de Napoléon III : « En vous quittant, j’ai écrit au Prince napoléon qui était venu voir mon tableau dans mon atelier, ainsi que le Prince Jérôme, son père ».
Outre sa carrière de peintre, l’artiste est aussi un graveur prolifique que les éditeurs diffusent dans les journaux et les ouvrages illustrés. L’œuvre lithographique de Bellangé est marquée par la caricature de mœurs, la satire sociale et politique. L’artiste apparaît aussi comme un important illustrateur de l’Histoire de la Révolution française et napoléonienne. Au lendemain de la disparition de l’artiste, Charles Blanc fait le portrait d’un peintre dont le talent s’est exercé dans un genre qui pour lui a quelque chose de faux. De manière prémonitoire l’auteur met en exergue les facteurs qui conduiront progressivement le public à oublier son œuvre : « Hippolyte Bellangé a été et restera un artiste supérieur dans un genre qui, en lui-même, à quelque chose de faux : la bataille ». Malgré cela, l’étude de l’œuvre de Bellangé invite à  comprendre ce que pouvait être, dans les années qui suivirent la Révolution et l’Empire, un art engagé, vivant, un art vitalement et profondément populaire, un art résolument patriotique.

Jury

  • M. Yannick Marec
  • M. Ségolène Le Men
  • M. Jacques-Olivier Boudon
  • M. Laurent Baridon
  • M. Claire Maingon
  • M. Diederik Bakhuys

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