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AAC / CFP : Mazarinades et Territoires

Date / Heure
Date(s) - 30/09/2019
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COLLOQUE INTERNATIONAL, 20-27 AOÛT 2020, CERISY-LA-SALLE

Dirigé par Tadako Ichimaru (Univ. Gakushuin, Tokyo) & Stéphane Haffemayer (Univ. de Rouen-Normandie)

Avec le soutien du GRHis (Univ. de Rouen-Normandie), d’Histémé (Univ. de Caen-Normandie), du CIELAM (Univ. d’Aix-Marseille), du Cerec/CLARE (Univ. de Bordeaux Montaigne), du Centre Jean Mabillon (École nationale des Chartes), de THALIM (UMR 7172), de la Bibliothèque Mazarine, de la Bibliothèque nationale de France, de l’École Nationale des Chartes, de l’Université de Tokyo, de l’Université Gakushuin et de la JSPS.

APPEL À COMMUNICATION

Après les « nouvelles approches » formulées lors de la rencontre internationale de 2015 à Paris (Droz, 2016), les mazarinades seront cette fois abordées par leurs relations avec les territoires. Depuis les années 1970, l’approche spatiale a constitué une mutation épistémologique, offrant aux sciences sociales un regard renouvelé sur les relations entre les hommes, les pratiques, et l’espace. Réalité changeante, l’espace intervient dans les formes de domination complexes et enchevêtrées qui structurent l’ordre politique et social que reflètent en partie les mazarinades. Pour comprendre ce rapport pluriel et complexe à l’espace, l’analyse portera par exemple sur la manière dont les mazarinades traitent des réalités et des discours en prise étroite avec des territoires donnés : celui des provinces plus ou moins soumises, des pays alliés ou ennemis, de la cour du roi, des parlements, des fiefs nobiliaires, des diocèses, des villes, etc., ou encore celui des imprimeurs, assignés à des périmètres mais qui n’en publient pas moins dans la clandestinité, usant parfois de délocalisations fictives. La dimension spatiale se lira aussi dans la déclinaison des lieux symboliques, toponymes historiques ou fiefs des grandes familles. Elle se dévoilera également dans des espaces en représentation, un théâtre urbain qui offre une géographie sociale de la contestation et de l’application des lois. Des questions pratiques peuvent aussi être envisagées à partir des contenus des mazarinades. Se comprend-on de la Normandie à la Provence ? Y a-t-il une (sorte de) langue nationale par-dessus les frontières dialectales ? Quelles personnes se déplacent d’une ville à une autre, ou dans les campagnes, ou à l’étranger ? Et pour y faire quoi, et pour y dire quoi ? Comment circulent les vraies et les fausses informations ?
Du point de vue patrimonial, il conviendra aussi de s’interroger sur les logiques de localisation des collections. Comment certaines ont-elles traversé les siècles et les continents ? Que peut encore nous apprendre la géolocalisation des collections ?
En effet, qu’elles soient dans des collections parisiennes, orléanaises, rouennaises, bordelaises, aixoises, grenobloises, etc., qu’elles proviennent du château de Valençay, de la bibliothèque d’un cardinal, des acquisitions de Gabriel Naudé pour Mazarin, ou qu’elles soient consultables aujourd’hui dans une bibliothèque valaisanne, danoise ou américaine, les mazarinades sont devenues plus accessibles que par le passé. Et nul doute, notamment après les travaux dont nous héritons, ceux de Célestin Moreau, d’Armand d’Artois, de Marie-Noëlle Grand-Mesnil, d’Hubert Carrier, de Christian Jouhaud ou du colloque La Fronde en questions (Marseille, 1988), nul doute que les mazarinades ont encore beaucoup à nous apprendre par l’approche spatiale que nous proposons de comprendre dans un sens large et pluridisciplinaire, impliquant à la fois les chercheurs universitaires, les personnels de la conservation du patrimoine, les collectionneurs et les bibliophiles savants.
Ces questions et ces pistes de recherche sont proposées à l’heure où l’important corpus du Projet Mazarinades, issu de la collection de l’université de Tokyo, et où la Bibliographie des Mazarinades, entreprise par la Bibliothèque Mazarine, font entrer les mazarinades dans les humanités numériques, dont on sait qu’elles renouvellent en profondeur les méthodes de la recherche. Qu’il s’agisse d’approches conventionnelle, pluridisciplinaire, transdisciplinaire ou comparatiste, la polysémie du titre du colloque ouvre assurément de multiples horizons de recherche scientifique en lien direct avec les mazarinades, regroupés dans les cinq directions et chemins suivants.

Les territoires dans et par les mazarinades : Les milliers de libelles de la Fronde mettent souvent en scène des dynamiques spatiales, des circulations et des lieux emblématiques du pouvoir, à Paris, en province, à l’étranger, à cartographier ; tous éléments liés à des fonctions et à des juridictions institutionnelles dont les ressorts s’enchevêtrent ; outre la contestation de l’État militaro-fiscal hérité de Richelieu et de Louis XIII, ces positions et mobilités plurielles font textuellement ressortir des enjeux sociaux, communautaires, patrimoniaux, symboliques, etc.

Territoires idéologiques et historiques : Peut-on relier la mobilité des idées et les territoires grâce aux mazarinades ? Que nous disent-elles, par leur statut, leur discours ou leur circulation, des relations entre les idées, les positions politiques, les événements et la diversité des espaces sociaux ? Comment les usages de l’Histoire orientent-ils la production pamphlétaire des différents partis ? Déplacements et emplacements des hommes et des femmes, formations et positions des groupes, évolution des idées, possession et circulation des biens et des marchandises, s’observent dans les mazarinades comme dans d’autres corpus antérieurs ou postérieurs à la Fronde, d’où de possibles perspectives comparatistes.

Territoires littéraires et linguistiques : La Fronde témoigne d’une liberté lexicale et poétique qui permet une transformation du champ littéraire ; la langue française en serait notre seul bénéfice (Michelet). En réalité, ce sont les rapports entre littérature et politique qui s’en trouvent bouleversés : professionnalisation et politisation des plumes ; rapports au pouvoir, aux patrons, au marché de l’imprimé ; représentation du politique ; interactions et concurrences entre les styles littéraires, les genres textuels et les stratégies discursives, etc. La thématique invite également à interroger les questions de l’anonymat, du statut des langues étrangères, des dialectes, de la versification, des imitations, du langage violent ou licencieux dans les mazarinades, etc.

Territoires philologiques et historiographiques : Poursuivre l’étude des lieux de production, d’édition, de commerce et de conservation des mazarinades, de la Fronde à aujourd’hui, qu’il s’agisse des manuscrits (ce qu’il en reste), des imprimés (histoire et géographie des exemplaires, éditions, émissions, etc.), des périodiques, des recueils (composés par qui, comment et pourquoi), des collections familiales (chez qui, de quand à quand, traces de propriété et de transmission), des fonds institutionnels (acquisitions, confiscations, etc., traces et descriptions), des corpus numériques (images, textes, métadonnées, types d’accessibilité et d’usage), en relation avec les questionnements génériques, historiques, historiographiques et bibliophiliques.

Perspectives méthodologiques et épistémologiques : Grâce aux bibliothécaires et aux chercheurs, l’informatisation et les humanités numériques opèrent une déterritorialisation des mazarinades ; évolution des protocoles de repérage, des moyens de consultation, d’exploitation, de citation et d’analyse, via la création massive de métadonnées permettant leur fouille humaine ou leur lecture distante. Quelles nouvelles formes de recherche permet par exemple le corpus en ligne du Projet Mazarinades ?Peut-on juger de la fiabilité des données sans retourner à l’original ? Comment appréhender ces changements de méthodes, d’échelle et de paradigme pour développer l’exploitation automatique de données ou pour tenir compte des questions légales et institutionnelles de propriété et de partage de données et de résultats ?

Le lieu du colloque 

Le château de Cerisy-la-Salle datant du début du XVIIe siècle, gageons que les mazarinades y ont toute leur place ! Certaines y ont peut-être été lues pendant la Fronde…
On découvre à Cerisy qu’un colloque est plus qu’un ensemble de communications ; c’est un espace de bouillonnement intellectuel que les communications alimentent ; un domaine où l’on vit une semaine en pension complète, où un parc et un potager accueillent les promenades pensives ou sportives, où des petits salons et des bibliothèques facilitent les libres discussions. La modernisation achevée des espaces de travail et des chambres permet cependant aux participants et à l’audience des colloques d’y séjourner et d’y travailler dans les meilleures conditions.

Pour répondre à cet appel

Les propositions de communication d’une vingtaine de lignes contiendront un titre provisoire, un résumé thématique de l’étude envisagée et de la méthodologie mise en œuvre. Elles seront à adresser au secrétariat du colloque à l’adresse « patrick.rebollar » chez « berlol.net », sans oublier d’y joindre les informations de situation universitaire ou professionnelle, les coordonnées postales, e-mail et téléphone. Les intervenants sont encouragés à séjourner le temps du colloque ou un minimum de trois jours ; des aides financières au cas par cas seront envisagées, notamment pour les étudiants-chercheurs et les intervenants étrangers.

Date limite de réception des propositions : le 30 septembre 2019.
Les projets retenus seront annoncés vers le 20 octobre 2019. À propos des modalités de séjour et des tarifs, consulter le site de Cerisy : https://cerisy-colloques.fr/inscription/

Comité scientifique : Antonella Amatuzzi (Univ. de Torino), Yves-Marie Bercé (AIBL), Michel Bernard (Univ. Paris 3), Stéphane Haffemayer (Univ. de Rouen), Alain Hugon (Univ. de Caen), Tadako Ichimaru (Univ. Gakushuin), Takeshi Matsumura (Univ. de Tokyo), Jean-Dominique Mellot (BnF), Olivier Poncet (ENC), Patrick Rebollar (Univ. Nanzan, Nagoya), Sylvie Requemora-Gros (Aix-Marseille Université), Yann Sordet (Bibliothèque Mazarine), Myriam Tsimbidy (Univ. Bordeaux Montaigne), Christophe Vellet (Bibliothèque Mazarine).

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